Etat des lieux avec Hubert Hougnon, directeur de la fédération des MFR de Loire-Atlantique.
Comment va se dérouler cette fin d’année scolaire dans les MFR de Loire-Atlantique ?
Certaines MFR accueilleront des élèves dès les prochains jours, d’autres projettent un retour de certains groupes début juin. Nous attendons les précisions et confirmations du Ministère. Dans tous les cas, l’enseignement à distance est maintenu.
Chaque établissement adapte la reprise selon ses spécificités et organise le temps scolaire en fonction des filières, des métiers, voire de chaque jeune. Il faut aussi tenir compte de la capacité d’accueil des structures (notamment concernant les internats) ; la pertinence d’une réintégration des élèves quelques jours (quels risques ?) ; la volonté des parents ; la volonté des employeurs qui accueillent les jeunes et les conditions économiques de chaque entreprise. Certaines sociétés dont l’activité a été suspendue sont impatientes de reprendre leurs chantiers et sollicitent leurs apprentis.
S’il fallait considérer une face positive de ce contexte inédit, que retiendriez-vous ?
Le confinement et cette situation de pandémie sont évidemment contraignants mais ils ont amené une accélération de la pratique de l’enseignement à distance avec de nouvelles modalités pédagogiques. Même ceux qui étaient moins à l’aise avec les outils numériques s’y sont habitués ! La distance a aussi permis de mettre en exergue la relation entre l’étudiant et ses moniteurs. « On a pu avoir notre prof au téléphone », nous ont souvent dit les jeunes, comme s’ils réalisaient l’importance de cette proximité dont ils ne se rendaient pas forcément compte avant. Les équipes pédagogiques ont aussi entretenu un lien régulier avec les parents. J’ajouterai que la fermeture des établissements a montré l’intérêt de l’école et souligné l’attention qu’il faut lui apporter.
Les jeunes dont les formations ont été ainsi bouleversées ne seront-ils pas moins bien préparés à la poursuite de leurs études ou à leur entrée dans la vie professionnelle ?
Nos jeunes sont très engagés quand ils sont en stage. Nous ne devons pas être inquiets quant à leur niveau de compétences. Mais certes, ceux qui sont en difficulté scolaire le restent... A nous de rester vigilants.
Les inscriptions pour la rentrée de septembre sont-elles perturbées ?
Nos portes ouvertes de mars ont été annulées impactant les modalités habituelles d’inscription. Certaines MFR (Châteaubriant ; Carquefou ; Saint-Père-en-Retz) ont réalisé des visites virtuelles de leur établissement pour compenser ce temps privilégié. Nous recevons tout même beaucoup d’appels pour des entretiens. Les parents craignent que leur enfant n’ait pas de place, que son inscription ne soit pas enregistrée dans ces conditions particulières. On remarque que les formations liées aux services à la personne ont gagné un nouvel intérêt comme si ces semaines de pandémie avaient révélé des vocations.
Les directeurs proposent des rendez-vous en visioconférence, par téléphone mais aussi des rencontres dans les établissements en respectant les mesures sanitaires adéquates. Les familles choisissent la modalité qui leur convient.
Parents et établissements, nous manquons encore de visibilité sur la rentrée de septembre. On se questionne notamment sur les contrats d’apprentissage face à une activité économique fragilisée. En fait, je dirais que l’on ressent une certaine prudence des parents davantage que de l’inquiétude. Certaines familles sont peut-être plus rassurées d’envoyer leurs enfants dans des petites structures comme les nôtres.
Propos recueillis par Catherine Baty. Publié le 22 mai 2020 dans la Loire-Atlantique-Agricole