[COVID-19] Le muguet dans l’inconnu

Pendant le confinement, les producteurs poursuivent la préparation du muguet dans l’incertitude.

« C’est un beau millésime en perspective », affirme Antoine Thiberge, directeur de la Fédération des maraîchers nantais. Alors qu’il avait pris de l’avance, le froid des derniers jours a été le bienvenu puisqu’il a permis de ralentir  la pousse. « Qu’il soit sous châssis ou sous chenilles, en ce moment, on suit la pousse. Pour la retarder, nous avons mis le muguet au noir », précise-t-on aux entreprises Vinet. La quinzaine de producteurs de Loire-Atlantique, qui représentent 85 % de la production française de muguet avec un chiffre d’affaires estimé à 15 millions d’euros, continuent donc de préparer le muguet avant le début de la récolte prévu aux alentours du 20 avril… Mais tous s’interrogent. 

« Les recrutements sont suspendus depuis le 16 mars. On attend la fin du confinement pour pouvoir recruter mais, pour l’instant, on n’a aucune visibilité. Nous avons pu garder sur place une grande partie de nos salariés sauf ceux présentant une pathologie à risque ou ceux dont le poste pouvait se faire en télétravail », poursuit Jean-François Vinet dont l’exploitation est située à Machecoul. Dans la filière l’incertitude est grande : quand sera levé le confinement ? comment va s’organiser la récolte ?  y aura-t-il assez de main d’oeuvre alors qu’environ 7000 postes sont à pourvoir chaque année pour la cueillette, le tri et le conditionnement ? le transport sera-t-il maintenu ?

Un point hebdomadaire

Tous ces problèmes ont été posés lors d’une réunion organisée mercredi 1er avril avec la Fédération des maraîchers nantais. « Nous adaptons les alternatives au jour le jour. Plus on avancera dans le temps et plus on aura de visibilité. Mercredi, les maraîchers producteurs de muguet ont décidé de poursuivre la préparation du muguet. Nous ferons un point hebdomadaire pour voir comment ça évolue. A l’heure actuelle, la principale question concerne la période de sortie de confinement et donc la capacité d’organisation de vente du muguet dans les réseaux habituels. En tout cas, c’est certain, la campagne 2020 nécessitera des adaptations importantes par rapport à ce qu’il se fait habituellement. Pour la cueillettes, par exemple, si l’on est encore en confinement, il faudra organiser les postes de travail, les déplacements, les pauses, les horaires d’embauche… en lien avec les précautions sanitaires à mettre en oeuvre », explique Antoine Thiberge. Aux entreprises Vinet, on espère que la situation s’éclaircisse dans les prochains jours pour avoir des réponses notamment sur la question de la commercialisation via les grossistes en fleurs et les GMS. « Actuellement, aucune information ne circule laissant entendre que les GMS seraient empêchées de commercialiser le muguet, précise Antoine Thiberge. Il n’est pas question de prendre de décisions radicales à ce stade. Ca serait quand même un beau symbole que la sortie du confinement se fasse avec un brin de muguet. »