Le conseil de rentrée permet de faire un tour d’horizon de l’actualité des filières et de territoire et de définir les grandes lignes de l’action syndicale pour les mois à venir. Les administrateurs réunis «en vrai» se sont livrés à l’exercice.
Répondre aux interrogations des agriculteurs, identifier les points de blocages, imaginer des solutions, les négocier avec les administrations départementale, régionale et les collectivités (conseil régional, conseils départementaux, EPCI, communes)… Au plus proche des agriculteurs, les FDSEA et la FRSEA ont été fortement mobilisées pour faire face aux nombreuses problématiques soulevées par le confinement : fermeture/réouverture des débouchés (marchés, jardineries…), déplacements professionnels, continuité de l’activité salariée chez les employeurs de main-d’œuvre, approvisionnement, déclarations PAC… À des degrés divers, toutes les filières sont impactées par la crise, avec parmi les plus touchées, l’horticulture, la viticulture, le canard, le pigeon, le secteur équin, le chevreau et le veau de boucherie. Alors que l’activité reprend progressivement, il n’est encore pas possible d’évaluer les effets à moyen et long terme, tant la production et les marchés sont perturbés.
En porc, la fermeture d’abattoirs en raison de clusters de cas Covid engendre des retards d’enlèvement. La filière Canard, déjà en difficulté avant la crise, subit de plein fouet la situation. Dans un contexte de surproduction, la restructuration de la filière est nécessaire. Un plan combinant mesures de trésorerie, accompagnement à l’arrêt d’activité et modernisation est en cours de négociation avec l’État et le conseil régional en particulier. Alors que les craintes étaient importantes pendant la période de Pâques, la situation de la production ovine bénéficie de prix qui se maintiennent à un niveau historiquement haut pour la période. Mais quelle va être la réaction des opérateurs alors que les importations vont reprendre ?
Que ce soit en lait ou en viande bovine, des opérateurs ont continué à jouer un jeu de dupe. Les interrogations persistent : pourquoi demander aux producteurs de lait de réduire la production alors que les rayons des GMS étaient parfois vides ? En viande bovine, paraît-il qu’il existait un surstock de jeunes bovins en début de confinement. Un prétexte pour maintenir des niveaux de prix inacceptables alors que les ventes de viande (en particulier hachée) connaissaient des hausses spectaculaires (une tendance qui se poursuit).
Préparer l’avenir
Alors, finalement, le monde d’après sera-t-il différent du monde d’avant ? Le confinement a permis de démontrer la capacité de l’agriculture française à nourrir les concitoyens avec des produits de qualité et en quantité. Une opportunité pour rappeler l’enjeu de la souveraineté alimentaire, trop souvent mis de côté. C’est l’objectif de l’initiative de la FNSEA qui propose un pacte entre citoyens et agriculteurs pour assurer une croissance durable de l’agriculture, en France et en Europe. Une croissance qui allie renforcement du tissu productif, compétitivité et réponse aux enjeux climatiques et environnementaux. Concrètement : contractualisation, prise en compte des coûts de production, approvisionnement de la restauration hors domicile en produits d’origine ligérienne ou française, réduction des distorsions de concurrence, cohérence entre normes françaises et les normes applicables aux produits importés… À cela s’ajoute la nécessité de soutenir avec des plans spécifiques les filières les plus impactées, sur lesquels État et conseil régional doivent se mobiliser. Un plan national viticole est déjà en place. Les négociations se poursuivent sur la mise en œuvre opérationnelle du plan horticole annoncé par le ministre de l’Agriculture la semaine dernière.
En Pays de la Loire, la FRSEA porte cette ambition auprès du préfet et du conseil régional mais aussi au Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) et au sein de la Conférence sociale. Cette dernière a été créée en mai et rassemble organisations patronales et syndicales, le préfet et le conseil régional autour de plusieurs objectifs : partager les informations, échanger, définir des priorités d’action pour favoriser la reprise d’activité et limiter les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire en Pays de la Loire.
Si ce type d’instances peut paraître éloigné des préoccupations du terrain, les débats qui ont lieu actuellement sont concrets (relocalisation de la production, critères d’attribution des aides à la relance et à l’investissement…), concernent l’agriculture et le conseil régional est attentif aux propositions qui seront formulées pour préparer le plan de relance.