FNSEA 44 et JA 44 ont envoyé le 16 décembre dernier un courrier au préfet concernant la situation des élevages porcins et la demande de la mise en place d’une cellule de crise départementale. Le point avec Frédéric Bossard, responsable de la section porcine à la FNSEA 44
Qu’est-ce qui a motivé cette démarche ?
Frédéric Bossard : Par ce courrier, nous souhaitions faire part au ministère des difficultés rencontrées sur le terrain par la filière porcine depuis plusieurs mois. En cause : une hausse du coût des matières premières et une baisse du prix du porc. Avec un prix au marché du porc breton de 1,25 €/kg et une plus-value de 0,15 €/kg, le prix payé est de 1,40 €/kg net. D’après les derniers indicateurs Inaporc, le coût de revient est estimé à 1,68 € en octobre 2021 avec un prix d’aliment à près de 300 € par tonne. La perte est ainsi évaluée à près de 0,30 €/kg soit plus de 25 € par porc.
Que permettrait la mise en place de cette cellule de crise ?
F. B. : Suite à un échange entre le comité régional porcin Pays de la Loire et la Draaf en décembre, il a été convenu que chaque département crée une cellule de crise mobilisant les centres de gestion, les banques, les coopératives afin d’envisager l’instauration de mesures d’accompagnement nécessaires. À court terme, l’enjeu est d’obtenir des compléments de trésorerie. La cellule de crise permettra le déploiement de prêts garantis par l'État. Les élevages porcins pourront ainsi emprunter pour pallier le manque de revenu actuel. L’enjeu est aussi de mettre l’accent sur l’application de la loi ÉGAlim 2 (ndlr : lire aussi en page 8). La contractualisation a été actée début 2022, il faut qu’elle s’applique au plus vite pour éviter de se retrouver dans des situations comme celles-ci. Comme la Fédération nationale des transports qui a obtenu l’indexation du coût du gasoil pour tous les transports, nous voulons qu’une indexation s’applique sur le prix des produits alimentaires.
Une entrevue avec la DDTM et les services de la préfecture devrait avoir lieu à la fin du mois pour échanger sur ces sujets …
F. B. : Oui, la date n’est pas encore fixée. Nous espérons une rencontre d’ici la fin du mois. Elle permettra de discuter des points évoqués et de renouveler l’importance de valoriser le porc français. Aujourd’hui, l’Espagne est très agressive sur le marché français. Or, ces importations sont un non-sens puisque les industriels achètent et commercialisent des denrées produites dans des conditions que nous ne voulons pas en France. L’obligation d’étiquetage de la viande, suite à l’entrée en vigueur du décret européen début 2022, devrait changer la donne. Cette nouvelle règle, jusqu’à présent uniquement obligatoire pour la viande bovine, l’est devenue pour le porc. Elle avait incité la restauration à privilégier la viande française et avait permis plus de transparence. Nous espérons qu’il en sera de même pour notre production.
Marie Hilary