Le 11 mars s’est tenue la première plénière de l’année pour la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. L’accent a été mis sur la stratégie de transmission des exploitations.
« Pour assurer la souveraineté alimentaire du département de Loire-Atlantique, nous devons maintenir la diversité de nos productions agricoles et leur dynamique, rappelle Alain Bernier, président de la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. Et l’avenir de cette diversité repose sur la transmission durable des exploitations actuelles. »
L’agriculture représente 1,1 milliard d’euros du chiffre d’affaires sur le département et les deux tiers sont générés par la production animale. En 2019, ce sont plus de 400 chefs d’exploitation qui sont partis, soit plus de 6 % d’entre eux. En contrepartie, 250 nouvelles personnes s’installent chaque année. « Avec 30 % des chefs d’exploitation qui ont plus de 55 ans aujourd’hui, le renouvellement est une priorité pour notre agriculture », précise Frédéric Maudet, directeur adjoint à la chambre des Pays de la Loire. La chambre d’agriculture estime que le rythme des départs continuera d’augmenter jusqu’en 2024. L’objectif est de parvenir à un taux de renouvellement de 65 % d’ici 2027.
Parmi les départs, un quart se font en cours de carrière. Pour François Guyot, premier secrétaire adjoint de la chambre d’agriculture : « Il ne peut y avoir de bonne installation sans une bonne transmission. » L’enjeu est d’adapter le profil des offres d’exploitations aux attentes des candidats. « Pour cela, il faut veiller à ce que les cédants soient sensibilisés et acteurs de leur projet de transmission », insiste Aurélie Michel, présidente des JA 44. Michel Peignier, en charge de la stratégie de transmission au sein de la chambre d’agriculture, rapporte en effet que le « décalage entre le profil des offres d’exploitations et les attentes des candidats est important, et particulièrement pour l’élevage ». Ces décalages sont dus à plusieurs facteurs. Les porteurs de projets sont de plus en plus nombreux à ne pas être issus du milieu agricole et leur vision de l’agriculture a changé. Les coûts de reprise sont souvent élevés et l’accès au foncier périurbain est très difficile. Le plan d’action mené par la chambre d’agriculture, en partenariat avec les filières, les collectivités et les JA, visera à structurer la recherche des candidats, notamment pour les aider à financer la reprise et à accéder au foncier. Il accompagnera aussi les cédants dans leurs démarches.
Territoire pilote
Cinq territoires de la région sont pilotes dans l’expérimentation de solutions innovantes pour 2021 et 2022. Dans le département, c’est la communauté de communes de Châteaubriant-Derval qui a été choisie pour la prédominance de son élevage et son fort enjeu de renouvellement. Elle bénéficiera d’un budget annuel de 48 000 euros. « En dix ans, près d’un tiers de nos installations agricoles et un quart de nos chefs d’exploitations sont partis », précise Céline Joly, responsable du Territoire Pays du Castelbriantais et de Redon. Cette dynamique risque de se poursuivre, avec un agriculteur sur trois sur le point de partir à la retraite. Malgré 172 nouvelles installations aidées depuis 2010, le renouvellement reste donc problématique. Céline Joly conclut : « Assurer une installation et une transmission durables est la clé pour maintenir l’élevage sur notre secteur, favoriser l’emploi agricole et proposer une alimentation locale, saine et accessible à tous. »
Marie Hilary