La récolte s’annonce petite : en moyenne un quart des volumes récoltés les autres années. Heureusement, la qualité est là !
« Les rendements sont faibles mais la qualité est au rendez-vous. » Le domaine Pétard-Bazile, situé à Saint-Julien-de-Concelles, a commencé à vendanger mercredi 15 septembre ses 35 ha de vignes. « La récolte devrait être diminuée de moitié cette année », raconte Christophe Bazile. En cause, l’épisode de gel du printemps dernier. « En moyenne 60 % des parcelles ont été touchées. Vendanger prend autant de temps que d’habitude mais la benne se remplit peu. » L’action du gel a été hétérogène, certaines parcelles très touchées ont vu partir 90 % de leur récolte. Mais le vigneron refuse de se plaindre : « Nous sommes chanceux, nous ne sommes pas dans un secteur gélif. Les vendanges se passent dans de bonnes conditions et le raisin est mûr. »
Même constat au Pallet chez Laurent Bouchaud qui cultive huit cépages sur ses 30 ha de vignes. « On va récolter l’équivalent d’un tiers de récolte, soit 500 hL/ha contre 1 500 normalement. Mais les raisins sont sains, mûrs et bien jaunes, c’est positif ! » Pour la première fois, le domaine utilise trois machines à vendanger en même temps pour récolter rapidement les précieux raisins.
Une météo clémente
L’absence de maladie explique la bonne qualité du raisin. « Avec les pluies de cet été, il a fallu être rigoureux : bien effeuiller la vigne pour que le vent puisse sécher les grappes », précise Laurent Bouchaud. Les journées ensoleillées de début septembre ont fait le reste. « Tout a mûri en quinze jours !, s ‘exclame Christophe Bazile. Il y une bonne fraîcheur au niveau des arômes et c’est ce qu’on recherche pour nos vins. » Les concentrations en sucre sont assez élevées : « Le potentiel de degré alcoolique est de 11-11,5° pour le muscadet et 13° pour les autres cépages ». La vendange est belle, même si les viticulteurs auraient préféré davantage de volumes.
Pallier au gel
L’augmentation de la fréquence des épisodes de gel inquiète le vignoble nantais. Les deux domaines réfléchissent à s’équiper. « L’aspersion nous paraît être la solution la plus adaptée pour les parcelles à risque, raconte Christophe Bazile. Cela va demander de la réactivité pour mettre en route le système dès que le mercure descendra en dessous de 0°C. » Au domaine du Bois Joly, Laurent Bouchaud opte pour deux éoliennes : « Le secteur est assez gélif, il faut qu’on puisse protéger le maximum de surface ».
2022, l’année de tous les enjeux
Les domaines du Bois Joly et de Pétard-Bazile vendent la majorité de leurs vins en direct, notamment à des particuliers. « Notre capacité de production est supérieure à notre capacité de vente, ce qui nous permet pour des années comme celle-ci de ne pas manquer de vin », explique Christophe Bazile. Le domaine vend les deux-tiers de sa production en direct, le surplus part au négoce. « Cette année nous devrions pouvoir honorer la demande de nos particuliers, c’est le plus important ! » Un dernier doute plane tout de même : et si le gel revenait en 2022 ? « C’est notre hantise mais il faut rester positif et se préparer au mieux en cas de difficulté », conclut Laurent Bouchaud.
Marie Hilary