Manifestation - Marais inexploitable, éleveurs en colère

De la jussie et des écrevisses : voilà l’état du marais de Brière. Les niveaux d’eau (1,82 m au 21 juin) mettent le marais dans un état critique. Les éleveurs sont à cran.

« Qui entretient le marais ? », « Vous faites des hausses sans nous consulter ! », « Et les vaches, on leur donne quoi à manger ? », « Vous n’êtes pas capables de nous écouter ! »… Les éleveurs de Brière et du Brivet sont à cran. Vendredi 21 juin, ils l’ont fait savoir en menant une action coup de poing devant les locaux du Syndicat du bassin versant du Brivet (SBVB) à Pontchâteau. Venus en tracteurs, ils ont déversé de la jussie, avec son lot d’écrevisses de Louisiane : deux espèces invasives fortement présentes dans le marais. « La situation est devenue tellement critique ! Le marais, aujourd’hui, ce n’est que des espèces invasives ! », alerte Christophe Labour, élu à la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique, lors d’un échange avec des membres du SBVB dont son président, Éric Provost. 

À cette situation malheureusement bien connue des agriculteurs depuis plusieurs années, s’ajoutent des niveaux d’eau trop hauts : 1,82 m ce 21 juin. « Ça ne date pas d’hier, ça fait trois-quatre ans qu’on les alerte sur ces sujets. Il faudrait que le niveau soit à 1,60 dès avril-mai pour que l’on puisse faire pâturer nos vaches. Et l’entretien n’est pas fait… On gère la Brière avec des ouvrages qui ne sont plus adaptés. Ça s’est artificialisé, c’est un fait, et on n’est plus capable de gérer l’eau. À force, le marais va se combler ; il nous faut des entretiens réguliers », insiste Richard Gascoin, éleveur à La Chapelle-des-Marais. 

Les exploitants présents ce vendredi devant le SBVB estiment à près d’un million d’euros la conséquence financière pour les 60 fermes du marais de Brière. En effet, avec les niveaux d’eau actuels, les animaux ne pâturent pas et restent en bâtiment. Les éleveurs utilisent donc leur stock et ne peuvent pas en constituer de nouveau pour l’hiver prochain. « En plus, nos surfaces sont éligibles aux MAE mais avec cette situation, ça ne sera peut-être pas le cas l’année prochaine : on nous fout des bâtons dans les roues ! À se demander si les élus veulent encore des éleveurs sur leur territoire ! », souligne Richard Gascoin.

Dans l’immédiat, les éleveurs veulent retrouver des niveaux d’eau corrects, « c’est maintenant que ça se joue ! ». Ils en ont marre de subir et veulent être entendus par les élus des 21 communes du marais de Brière. Pour cela, ils sont en train de constituer une association (Loire-Atlantique agricole du 21 juin). Ils espèrent ainsi peser dans les discussions et sur les décisions.

Estelle Bescond

Création d’une association d’éleveurs

Pour défendre l’agriculture implantée dans les marais privés de Brière et Brivet, les éleveurs sont en train de créer une association. Elle entend représenter les exploitants agricoles et agir pour la préservation de l’activité agricole dans ces sites particuliers. L’assemblée générale constitutive aura lieu début juillet. Elle permettra de valider les statuts et d’élire le conseil d'administration composé de 21 membres représentant les 21 communes concernées.