Mobilisation - L’indigeste Mercosur

Les agriculteurs se sont remis en mode « action » à l’appel de la FNSEA 44 et JA 44. En plusieurs points du département, ils ont contesté l’accord du Mercosur et alerté une nouvelle fois sur leurs difficultés.

En début d’année, la mobilisation des agriculteurs a été à un niveau rarement vu. Et pourtant, quelques mois plus tard, lundi soir, à l’appel de la FNSEA 44 et JA 44, ils ont repris du service avec le sentiment de n’avoir pas été tout à fait entendus. Les négociations de l’accord de libre-échange Mercosur ont sonné le rappel de la contestation. Pour Mickaël Trichet, président de la FNSEA 44, « c’est le détonateur ! 99 000 tonnes de viande bovine qui peuvent entrer sur le territoire, produites dans des conditions inacceptables, ce n’est pas possible. On n’est pas contre les échanges mais sur les mêmes bases car on ne travaille pas selon les mêmes normes. On ne ferait pas entrer des voitures sans ceinture de sécurité ! On nous impose un verdissement des contraintes qui augmentent nos coûts de production et notre charge mentale dans le travail. Aujourd’hui, cela aboutit à une contestation ». Le détonateur d’une situation sous pression depuis plusieurs mois... 

Pourtant, le contexte n’était pas favorable. « On s’est mobilisé malgré les travaux dans les champs. On s’est posé beaucoup de questions et on voit que la mobilisation a pris. C’était plus facile pour les gens de se déplacer », remarque Valentin Gledel, coprésident des JA 44. Sur la dizaine de points d’actions, plusieurs ont exprimé leur rejet du Mercosur sur les panneaux des communes, quelques feux de la colère ont été allumés, les villes ont été rebaptisées de noms de cités d’Amérique du Sud… Ce besoin de s’assurer un avenir a été marqué chez les jeunes générations. « On a noté la présence de nombreux jeunes, notamment des apprentis et des étudiants. C’est une prise de conscience pour eux », appuie Valentin Gledel. 

Une suite ?

Ce retour dans l’espace médiatique est un coup gagnant pour porter la voix agricole. « Notre message a été entendu », apprécie le coprésident des JA 44. « On a montré notre détermination. Maintenant, il faut accélérer le pas. Des éléments sont en attente dans le projet de loi de Finances. On a obtenu des choses, d’autres sont engagées mais cela a pris du temps avec la pause gouvernementale. En parallèle, on a subi une météo calamiteuse avec des trésoreries plombées en grandes cultures, en élevage ou productions spécialisés comme la viticulture. On a besoin d’accompagnement pour passer le cap », ajoute Mickaël Trichet. 

La suite du mouvement dépendra de la capacité de la France à trouver des soutiens chez les autres pays européens pour ne pas signer le Mercosur et du gouvernement à répondre aux attentes des agriculteurs. « On reste aux aguets », prévient Valentin Gledel.

Delphine Cordaz