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Orge - Lutte contre les pucerons : ne pas intervenir systématiquement !

Le 29/10/2024 à 10:00 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
Orge - Lutte contre les pucerons : ne pas intervenir systématiquement !
@ARVALIS

La jaunisse nanisante de l’orge (JNO) est une maladie virale des céréales à paille transmise par les pucerons.

Depuis le retrait de l’imidaclopride, qui offrait une protection efficace des cultures aux stades les plus précoces de leur développement, la lutte passe aujourd’hui majoritairement par l’utilisation de variétés tolérantes ou résistantes à la JNO dont l’offre s’étoffe année après année en orge d’hiver - et débute désormais également en blé tendre d’hiver - et par l’utilisation de pratiques agronomiques raisonnées. Le contrôle des populations avec des insecticides de synthèse ne doit être utilisé qu’en dernier recours et surtout, pas de manière systématisée !  

Symptômes et impact de la JNO sur les céréales à paille
Dès la levée, les pucerons viennent s’alimenter sur les jeunes plantules. S’ils sont virulifères, ils sont susceptibles de transmettre le virus de la JNO aux jeunes plantules.
Les particules virales se multiplient dès lors qu’elles sont introduites dans les plantes, gênant, voire bloquant la circulation de la sève. Les symptômes apparaissent en fin d’hiver ou au printemps, de manière plus ou moins marquée : jaunissement, rougissement des feuilles et tassement de la végétation sur blé ; nanisme et disparition de plantes sur orge. Le virus installé dans les plantes contamine à son tour les larves de pucerons nouvellement formées qui viennent se nourrir. Celles-ci font progresser l’infection en foyer de proche en proche donnant aux parcelles atteintes un aspect « moutonné » caractéristique.

Toutes les espèces ne présentent pas le même niveau de sensibilité à la JNO, l’orge est la plus sensible. En cas de forte attaque, les symptômes peuvent aller jusqu’à la disparition de plantes, ce qui n’est jamais observé sur les autres espèces.

Recommandations pour les semis 2024
Première recommandation : utiliser des variétés d’orge d’hiver tolérantes à la JNO
L’utilisation d’une variété présentant un gène de tolérance ou de résistance s’avère être le levier le plus efficace pour lutter contre le JNO. Le catalogue d’orge fourragère d’hiver est désormais bien pourvu.
En ce qui concerne le blé tendre d’hiver, les premières variétés résistantes arrivent progressivement à l’inscription. Jusque-là, une seule variété inscrite (RGT Tweetéo) présente une résistance à la JNO mais de nouvelles variétés devraient enrichir le catalogue à partir de 2025. Le mécanisme de résistance est partiel, ce qui signifie que les plantes sont susceptibles de présenter des symptômes de JNO mais le niveau de nuisibilité reste beaucoup plus contenu que pour les variétés sensibles. Bien que la nuisibilité de la JNO soit moins forte sur cette espèce que sur orge, les variétés les plus sensibles peuvent accuser une perte de rendement pouvant se chiffrer à 30%. Notons qu’il existe, parmi les variétés de blé non pourvues de gène de résistance, une grande variabilité de sensibilité avec des variétés moins affectées que d’autres par le virus.

2e recommandation : ne pas trop anticiper les semis

L’activité des pucerons étant favorisée par des températures douces et un temps ensoleillé, les semis précoces sont nettement plus exposés au risque de JNO. Dans notre région, où les automnes-hivers sont particulièrement doux et régulièrement dépourvus de gelées hivernales suffisantes pour permettre la mort des colonies de pucerons, il est fortement recommandé de ne pas anticiper les semis afin de limiter l’exposition des cultures. Ce « décalage » de date de semis ne doit pas se faire au détriment de la qualité d’implantation ni du potentiel de la culture. Aussi, le bon compromis consiste à viser un semis au cours de la dernière décade d’octobre. À noter que ce positionnement des semis permet également de réduire considérablement les risques de piétin échaudage et de salissement mal maîtrisé des parcelles.

3e recommandation : l’observation des parcelles reste primordiale

L’appréciation du risque sur les parcelles semées avec des variétés non tolérantes à la JNO repose sur l’observation des populations de pucerons. Cette dernière est à effectuer directement sur les plantes pendant les heures les plus chaudes de la journée, en privilégiant des conditions ensoleillées. En cas d’observation en conditions froides et/ou pluvieuses, les pucerons seront plus difficiles à observer car ils se positionnent à l’insertion des feuilles. Rappelons qu’une absence d’observation des pucerons ne signifie pas absence de risque ! La période de surveillance peut se prolonger au cours du tallage, jusqu’à début montaison si les conditions restent favorables à l’activité des pucerons.

Traitement insecticide
Un traitement insecticide est recommandé lorsque 10% des plantes sont habitées par au moins un puceron ou si la présence de pucerons est encore observée au bout de 10 jours.
Il est essentiel d’attendre ce seuil pour intervenir. Les efficacités restent maximales pour des applications réalisées jusqu’à 15 jours après dépassement du seuil. Des applications trop précoces en revanche, sont beaucoup moins performantes voire inefficaces. Il est également important de ne pas oublier la deuxième partie de la règle de décision. En effet, le séjour prolongé des pucerons a été largement responsable des attaques observées l’an dernier. Cela signifie qu’en cas de présence durable des pucerons (hivers doux), il faut ré-intervenir sur les parcelles quand la portance du sol le permet, la persistance d’action des traitements foliaires étant seulement de l’ordre de dix jours, d’où l’importance de ne pas appliquer trop tôt le traitement.
La totalité des spécialités insecticides actuellement autorisées pour lutter contre les pucerons d’automne dans les céréales à paille sont composées de pyréthrinoïdes. Le risque de voir apparaître des populations de pucerons résistantes aux pyréthrinoïdes est réel, il est donc indispensable de raisonner les applications et de les limiter strictement aux variétés non tolérantes JNO lorsque les seuils de risque sont atteints.
Rappelons qu’à l’exception de la variété d’orge KWS Innovatris, inscrite en 2024, aucune variété ne possède de tolérance à la maladie des pieds chétifs ; il restera nécessaire de maintenir la surveillance des cicadelles (vectrices du virus WDV) et d’intervenir si besoin.

Anne-Monique BODILIS
Charlotte LAFON
Arvalis

 

   

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