Exception faite du Nord, la croissance d’automne est une histoire de hauteurs…
Les croissances mesurées sur ces quinze derniers jours se situent le plus souvent dans une fourchette de 15 à 25 kgMS/ha/j, ce qui est normal et cohérent avec les conditions de rayonnement solaire et de durée du jour que nous avons en ce moment.
Quelques exploitations tirent leur épingle du jeu car elles ont soit des hauteurs d’herbe importantes (8 cm ou plus), soit elles ont été ménagées cet été. Faites un tour de vos prairies pour estimer le potentiel de pousse et le volume d’herbe à pâturer (en fonction des hauteurs d’herbe actuelles et de la densité du couvert).
Même maintenant, le pâturage reste intéressant
D’une part, tant que les conditions sont portantes et que les prairies poussent de la sorte, il est possible de valoriser cette herbe, même si les hauteurs sont basses. Sur un îlot de 10 ha, il est question d’un volume d’herbe de 5,5 à 6 t MS pour 2 cm disponibles (entre 5 et 7 cm par exemple), ce qui est loin d’être négligeable.
De plus, l’herbe d’automne étant constituée de jeunes repousses, sa qualité n’a rien à envier à l’herbe de printemps, bien au contraire. Dans la pratique, même si le volume offert est moindre par rapport à ce qu’il y a au printemps, il sera perdu s’il n’est pas valorisé avant que la portance ne le permette plus. De plus, ne pas ramasser cette herbe compliquera le déprimage du printemps prochain.
La prochaine saison se prépare dès maintenant
À l’automne, il est particulièrement important de limiter le piétinement et d’ajuster l’ingestion d’herbe en vue du printemps suivant.
En effet, il est préférable aux prairies de rentrer en phase hivernale à une hauteur proche de 5 cm. C’est la hauteur pour laquelle, d’une part le plateau de tallage est suffisamment dégagé pour être efficace, et d’autre part pour laquelle le redémarrage est suffisamment rapide.
En pratique, le pâturage pourra (et devra) se limiter à un lot restreint en système allaitant, et à quelques heures par jour en système laitier.
Quoi qu’il en soit, tant qu’il y a encore de l’herbe à aller chercher, il est opportun d’aller la chercher. Si les températures restent douces et les conditions de portance correctes, on peut espérer que cela se prolonge sur l’hiver.
L’automne est aussi une période propice à la fertilisation organique des prairies. Pensez à orienter en priorité vos effluents vers les prairies majoritairement exploitées en fauche cette année. Un apport même réduit de fumier en ce moment (10 t/ha), permet de bien activer l’activité biologique du sol en vue de l’an prochain.
Attention aux rouilles et aux limaces
Le temps relativement doux et humide est une porte d’entrée de la rouille sur graminées, et des limaces sur les légumineuses.
Pour ce qui est du premier, certaines variétés de ray grass sont particulièrement atteintes. En cas de développement important de rouille, l’herbe peut s’avérer inexploitable au pâturage. Si vous avez constaté des sensibilités au cours des dernières années, pâturez en priorité les parcelles les plus sensibles.
De même, les limaces prolifèrent tant que le temps est ainsi, et elles sont friandes de trèfles en particulier. Si vous en constatez sur de jeunes plantes, un traitement anti-limace est efficace. Pour le choix des produits, privilégiez les formules à base de phosphate ferrique plutôt que de Metaldehyde, très sujettes au lessivage.
De très bonnes levées constatées sur l’ensemble des semis
La période de semis de prairies se referme, et il est temps de faire le bilan des levées à ce jour. Dans l’ensemble, les premiers comptages réalisés en Région tendent à une moyenne de levée de l’ordre de 60 % pour des semis réalisés il y a un mois. À titre d’exemple, les pourcentages de levée n’étaient que de 20 % l’an dernier, sur des comptages à deux mois du semis. Pour l’instant, graminées comme légumineuses s’installent correctement.