Rentabilité, efficacité, densification : ce sont les crédos du bio-intensif. Une technique que les stagiaires des formations Éfea, à Nantes, peuvent éprouver dans une parcelle louée à Orvault, depuis un an.
On le sait, le maraîchage a la cote. Le centre de formation nantais Éfea (École de formation par l'expérience en agriculture de la chambre d’agriculture) propose plusieurs diplômes et certifications répondant à cet intérêt évident : BPREA Cultures légumières ; BPREA Arboriculture ; certification professionnelle Agriculture urbaine ; et prochainement un certificat de spécialisation Productions maraîchères*.
« Nous recevons beaucoup de candidatures, mais il est impossible de toutes les satisfaire, admet Leïla Van Theemst, formatrice coordinatrice Éfea. Aujourd’hui nous accueillons 45 stagiaires en BPREA Maraîchage, c’est déjà quinze places de plus qu’il y a deux ans…». La plupart des apprenants résident en Loire-Atlantique tandis que certains ont choisi de traverser la France pour se former à Nantes. Si l’implantation d’Éfea au sein de la chambre d’agriculture, au nord de la métropole, facilite la mise en réseau auprès des organismes professionnels, elle complique l’accès aux travaux pratiques. Depuis un an, l’équation s’est simplifiée. Éfea loue (pour deux ans) une parcelle de 1 800 m² à Orvault, à quinze minutes de ses salles de cours. « Jusqu’alors nous profitions des jardins du centre de formation des apprentis d’Auteuil, à Saint-Julien-de-Concelles et Bouguenais, rappelle Leïla Van Theemst, mais nos plannings respectifs n’étaient pas toujours compatibles ». Se déplacer dans quelques fermes aux alentours peut aussi impliquer plus ou moins de contraintes logistiques.
Densification et efficacité
Le périmètre occupé à Orvault vient donc résoudre ce problème d’accès. Il présente un autre atout qui a convaincu la chambre d’agriculture : le maraîcher propriétaire de la parcelle, Jean-Michel Le Guen, pratique le bio-intensif, une approche précisément enseignée par Éfea. « L’objectif du bio-intensif est de garantir une efficacité sur une petite surface, donc un bon chiffre d’affaires, adossé à un temps de travail tenable, c’est d’ailleurs un modèle qui se développe bien localement et fait ses preuves », explique la formatrice alors que ces deux aspects ont longtemps été les talons d’Achille des projets. « Gagner décemment sa vie en faisant du maraîchage », résume encore Leïla Van Theemst. Cette technique est basée sur une forte densification des cultures (principalement des légumes primeurs au cycle rapide et à haute valeur ajoutée) : « Les planches mesurent 80 cm de large (au lieu 1,2 m), les semis et plantations sont serrés ; l’intervention d’un tracteur est impossible, on compense par plus d’interventions manuelles et l’utilisation d’outils manuels innovants. Cette densification permet de bons rendements et limite le travail de désherbage ; en revanche elle exige une très bonne maîtrise technique car toute erreur entraîne des pertes de production conséquentes ».
Monter le tunnel
Plus d’une centaine d’apprenants d’Éfea se forment désormais régulièrement dans cette parcelle. Cet hiver, les stagiaires ont installé les bâches d’occultation sur les planches ; ces derniers jours il fallait planter le verger, puis installer la pépinière, et vers mi-février il faudra réaliser les premiers semis sur couches chaudes (déposer du fumier sous les plaques de semis pour les réchauffer).
Il y a un an, les groupes ont participé à la mise en place de la parcelle totalement nue (mais labourée). Une expérience inattendue dans leur formation : « Il a fallu monter le tunnel (donné par un maraîcher), poser les bâches, installer le réseau d’irrigation, réparer avec les moyens du bord… C’est forcément très formateur, d’autant plus que la plupart d’entre eux devront passer par ces étapes de création au démarrage de leur propres projets », détaille Leïla Van Theemst.
Catherine Baty