L’installation de panneaux photovoltaïques sur la toiture d’un bâtiment agricole, facilitée par les nouveaux arrêtés, permet de booster sa rentabilité.
Depuis quelques mois, de nouveaux arrêtés officiels concernant les panneaux photovoltaïques et leurs raccordements ont fait leur apparition.
Le premier arrêté, en date du neuf octobre 2021, a modifié les seuils du guichet ouvert. Désormais, le guichet est ouvert aux installations jusqu’à 500 kWc de puissance, contre 100 kWc avant. Le second arrêté, du 22 mars 2022, est relatif à la prise en charge des coûts de raccordement aux réseaux publics d’électricité par l’État. Aujourd’hui, il est possible de bénéficier d’une aide à hauteur de 60% du coût de raccordement.
« Les deux arrêtés sont étroitement liés. Celui d’octobre permet de créer des projets plus conséquents, ce qui entraîne une augmentation du coût de raccordement. L’arrêté de mars devient intéressant car on a davantage d’aide sur le raccordement. Les nouveaux projets ne sont pas pénalisés », explique Aurélien Champain, responsable commercial du marché agricole chez Solewa.
En 2020, l’énergie solaire représentait 4,1 % des énergies renouvelables. L’État souhaite continuer de développer la production et la consommation d’énergie renouvelable en France. Les arrêtés s’inscrivent dans cette démarche. « L’État ne voulait pas que le raccordement, obligatoire, soit considéré comme un frein et bloque un projet. Tout le monde n’est pas égalitaire face au raccordement. Certains peuvent avoir des transformateurs proches de chez eux et d’autres vont en avoir à 500 m. À grandeur de projet similaire, on pouvait avoir des coûts de raccordement qui pouvaient être multipliés par deux ou trois, voire quatre. Le fait d’avoir une aide plus importante permet de diminuer ces inégalités. »
Autoconsommation et vente
Ce nouvel arrêté permet d’accentuer l’intérêt de l’autoconsommation et notamment la vente de surplus. « Fréquemment, les agriculteurs ont des contrats de sous tirage supérieur à 36 kVA. Dans ce cas, il y a un vrai profit à aller chercher sur de la vente de surplus. » L’autoconsommation permet d’économiser et de maîtriser la facture énergétique. La revente de surplus peut quant à elle booster une rentabilité. « Avant, il y avait peu d’intérêt, dans le milieu agricole, pour ce genre de projet. Aujourd’hui, grâce aux arrêtés et du fait de la conjoncture de la crise énergétique, on a multiplié les ventes. »
La seconde opportunité des projets photovoltaïques est la valorisation des toitures. « Le nouvel arrêté permet aux agriculteurs de bénéficier d’un tarif de rachat intéressant sur des surfaces importantes. » Aujourd’hui, il n’est plus obligatoire d’installer les panneaux seulement sur des surfaces exposées plein sud. Il est possible d’aller chercher des orientations différentes. « Ça permet de valoriser une exploitation dans sa globalité. »
Pour les agriculteurs, un projet photovoltaïque de 500 kWc (2 500m²), peut permettre de générer un chiffre d’affaires annuel de 50 000 €. « On arrive à amortir des installations avec un retour sur investissement sur une douzaine d’années. Les projets solaires permettent de valoriser les toitures et de créer un revenu par la suite. Souvent, les agriculteurs veulent construire des projets pour financer leurs retraites ou financer tout ou partie d’un bâtiment. »
Pour la création d’un projet solaire, il faut compter un délai d’un an et demi entre la signature du devis et l’installation. « Aujourd’hui, les panneaux sont de meilleure qualité et ont des durées de vie d’une quarantaine d’années. Il s’agit d’un investissement fiable et durable. »
JOHANNA KERSCHENMEYER