Pluie - Attendre tout en préparant l’après

L’eau excédentaire de ces derniers jours inquiète et interroge quant à la suite des travaux agricoles.

Attendre tout en préparant l’après

Sols gorgés d’eau, ruisseaux qui débordent, si le passage des deux tempêtes a heureusement causé peu de dégâts, c’est la pluie importante qu’elles ont apportée qui inquiète fortement dorénavant. En pratiquement plus de 15 jours, que d’eau : 360 mm sur Champ-Saint-Père, 240 mm dans la plaine, 300 mm dans le secteur Vie et Boulogne, 250 mm à l’Herbergement... « Et ça continue de tomber », soupire-t-on dans les campagnes, avec un état de fait partout le même : attendre. Les semis sont à l’arrêt et dans certains secteurs comme Vie et Boulogne, la « fenêtre » de semis est passée. « Compte tenu de la particularité de nos sols, nous devons semer tôt », témoigne Yvonnick Baranger, agriculteur à Aizenay. Plus au nord, dans le secteur de l’Herbergement, « nos anciens disent qu’ils ont déjà semé début décembre mais pour pouvoir semer, il va falloir au moins huit jours de ressuyage », témoigne Thierry Jollet, agriculteur à L’Herbergement. En attendant, certains agriculteurs commencent déjà à réfléchir à « l’après pluie » et ils en échangent avec leurs techniciens de coopératives et de la chambre d’agriculture. Parmi les principales inquiétudes et interrogations : la paille ; la perte de production en blé ; la reprise des semences.  

Le rythme d’hiver est lancé

Côté élevage, les animaux sont rentrés. À Mouilleron-Saint-Germain, Maël Daniau, éleveur, a dû agir en urgence ce week-end. « Nos animaux étaient encore au pâturage car nous avons encore de l’herbe. Nous avons dû les rentrer avec quasiment un mois d’avance par rapport aux années précédentes. Je n’ai jamais vu ça. Même en 2019, ça n’avait pas été pareil. C’était arrivé plus tard dans la saison culturale. Là, ça y est, nous sommes entrés dans le rythme d’hiver. » Ce mois d’avance va avoir dorénavant un impact sur le stock de fourrage et de paille de l’éleveur. « Heureusement, nous en avons d’avance notamment en paille car 2023 a été une bonne année mais on tape dans les réserves et ce qui m’interroge c’est l’an prochain ? Si nos céréales à paille donnent moins* et que les agriculteurs à qui on en achète en ont moins aussi, ça va manquer… » L’excès d’eau dans les prés de l’éleveur a aussi endommagé les clôtures : 5 km sont à refaire. Des frais supplémentaires pour les trésoreries.  

Delphine Bisson

*Sur ces 40 ha de céréales à paille, 25 ont déjà été semés.
 

Soutien des pouvoirs publics

Emmanuel Macron a promis le 3 novembre d’activer les régimes de catastrophe naturelle et de « calamité agricole pour ceux qui y ont droit » et de « mettre à contribution » les assureurs. Le ministère de l’Agriculture a précisé que les services départementaux de l’État vont « enclencher toutes les procédures de reconnaissance en calamités agricoles pour les pertes de fonds, et d’indemnité de solidarité nationale pour les pertes de récolte ». Les pertes de récolte seront couvertes « y compris pour les agriculteurs non assurés, via l’indemnité de solidarité nationale (ISN) en cas de pertes catastrophiques ». « L’urgence est à la relance de la production pour chaque agriculteur touché », souligne le ministère. Les dispositifs de droit commun de dégrèvement de taxe sur le foncier non bâti et reports de cotisations sociales seront activés dès que possible, promet le ministère. Pour les pertes de récolte, celles-ci seront prises en charge dans le cadre du nouveau système assurantiel, y compris pour les agriculteurs non assurés, via l’Indemnité de solidarité nationale (ISN) en cas de pertes catastrophiques.