Directrice du Comité lapin interprofessionnel pour la promotion des produits (Clipp), Émilie Gillet présente le plan triennal de relance de la consommation du lapin par les ménages français… et européens…
>> Jusqu’à une semaine avant la sortie du confinement, comment se portait la filière Lapin ?
Émilie Gillet : Avant tout, il faut souligner que la filière a fonctionné normalement ces deux derniers mois, malgré le confinement.
Tous les acteurs ont continué leur activité : éleveurs, abattoirs, transformateurs mais aussi les partenaires et l’environnement comme les fabricants d’aliments, les inséminateurs, les équarisseurs…
Ils se sont organisés malgré les difficultés de déplacement ou le manque de main-d’œuvre dans certaines structures.
Au niveau du marché, cela s’est compliqué : la mise sur le marché des lapins a été perturbée par le confinement, avec l’arrêt de la restauration hors domicile (restauration collective ou restaurants).
Mais aussi à l’export, fortement perturbé, voire quasiment à l’arrêt.
Jusqu’à Pâques environ, la consommation à domicile s’est maintenue avec une grande fluctuation selon les semaines (demande très difficile à appréhender). Depuis, on sent un fort ralentissement. Les abattoirs sont inquiets ; les stocks se constituent massivement.
>> Comment relancer, en France, la demande des consommateurs en viande de lapin ?
E.G. : D’abord par une meilleure mise en avant du lapin dans les rayons de la GMS où on le trouve souvent en rayon Volailles : l’offre doit être adaptée et visible.
D’autant que le lapin est souvent un achat d’impulsion.
Le nombre de références présentes en magasin tend à diminuer.
Or plus on a de références, plus on a de chance de répondre aux différentes demandes des consommateurs.
Pour mieux répondre aux tendances de fond déjà marquées, on propose des offres de demi-lapins ou de découpes adaptées (râbles, filets, cuisses…) pour satisfaire les petits foyers (gens seuls ou en couple).
Les abattoirs développent ce type d’offres.
On doit faire connaître les modes de cuisson variées avec des morceaux à poêler, à rôtir au four ou au wok, en barbecue*…
Cette offre de cuisine d’été devrait faire levier pour relancer la consommation en lapin.
Au niveau de l’interprofession, pendant trois ans (2019-2021), est menée une campagne de promotion sur fonds européens, avec un budget conséquent pour mener des actions de communication sur le lapin, notamment sur les réseaux sociaux (avec des chefs cuisiniers) ou des animations en magasin (kit avec recettes et goodies).
Même si en ce moment, on n’est pas trop présent dans les magasins !
>> À l’export, quels sont les pays qui achètent du lapin français ?
E.G. : La consommation de lapin est surtout méditerranéenne : les pays d’Europe du Sud (Espagne, Italie, Grèce, Malte).
Parmi les pays du Nord, peu consommateurs, l’Allemagne se distingue.
Les Allemands en mangent mais à deux périodes-phares que sont Noël et Pâques. Il y a là des opportunités d’export, d’autant que notre campagne européenne cible deux pays : la France et l’Allemagne (justement).