Avec l’isolement des exploitations, les agriculteurs sont les cibles « faciles » des voleurs pour leur matériel et leurs animaux. Autre phénomène, des atteintes aux exploitations dues à des groupes issus de l’écologie radicale.
Tout se dérobe ! Les agriculteurs de Loire-Atlantique en savent quelque chose, eux qui sont victimes d’atteintes aux biens. Le colonel Gilles Granier, chef des opérations du groupement de gendarmerie départementale, identifie plusieurs causes à ce phénomène : « D’abord, le département est agricole, il comprend un grand nombre d’exploitations, avec une faible densité de population dans certaines zones. Ces vastes zones non peuplées facilitent les choses pour les malfaiteurs. Ensuite, l’agriculture en Loire-Atlantique est riche et diversifiée avec de l’élevage, du maraîchage... Les zones céréalières présentent moins d’intérêt pour les malfaiteurs, hormis le matériel. Enfin, il y a une grosse densité de certaines populations autour de l’agglomération nantaise qui considèrent les exploitations agricoles comme des lieux de prédation ».
Même les phytos
Tout se vole ... même les produits phytosanitaires ! Dans le département où l’élevage est très présent, le phénomène est moins prégnant. La gendarmerie compte un ou deux faits, même si les agriculteurs ne déposent pas toujours plainte pour un bidon. Mais, dans la Sarthe, un agriculteur s’est fait dérober septpalettes de phytos, pour un préjudice estimé autour de 300 000 €. Moins marginal, le vol de GPS. « On n’est pas les plus touchés dans la région mais on compte quelques faits tout de même.
Sur les départements voisins, en Maine-et-Loire et en Sarthe, le phénomène a nécessité la mise en place d’un groupe d’enquête sur le sujet. C’est un phénomène qui reste important par le nombre de vols et la valeur du préjudice. Mais il faut sensibiliser les agriculteurs au fait qu’il n’y a pas que les GPS qui sont l’objet de convoitise. Il y a d’autres objets comme l’électroportatif (taille-haie, tronçonneuse, rotofil...) qui s’emporte facilement. Finalement, la multiplication des rapines fait vite augmenter le préjudice. Les agriculteurs doivent aussi penser à protéger le carburant. Il y a toujours du stockage dans les exploitations agricoles. Le vol de carburant fait partie des vols récurrents », souligne le militaire.
Les ovins particulièrement ciblés
« Les vols d’animaux sont assez récurrents, surtout portés par le vol d’ovins. C’est une problématique très importante dans le département. On met en place un dispositif particulièrement autour de la Pâques orthodoxe, mais pas exclusivement. Nous travaillons notamment avec le Collectif des éleveurs pillés », souligne le colonel Gilles Granier. En 2023, la gendarmerie de Loire-Atlantique a recensé 62 vols de bétail dont 54 concernant les ovins. À chaque fois, les larcins comptent entre une à une quinzaine de têtes, ce qui représente 350 à 400 moutons ou agnelles en totalité. Dans une moindre mesure, le reste des vols d’animaux concerne également les poulets, les dindes et quelques bovins à la marge. Dans ces cas, il est très difficile d’apporter
des suites judiciaires à un acte de vol, en dehors d’un flagrant délit. Le muguet est aussi victime de vols mais « on a assez peu de visibilité en matière de statistiques car on ne recense que très peu de dépôts de plainte et il n’y a pas beaucoup de possibilités de se prémunir contre ce type de vols », concède le colonel.
Des mouvements radicaux
« Le deuxième souci dans le département est la présence de certains groupes radicaux qui ciblent l’agriculture. L’année dernière, les Soulèvements de la Terre et d’autres mouvements ont commis des dégradations importantes au Centre d’expérimentation des Maraîchers nantais et dans une exploitation agricole. C’est un phénomène qui risque de se reproduire au vu de l’animosité de ces militants. C’est un sujet de préoccupation pour nous car nous nous devons autant que faire se peut de protéger les cibles potentielles », estime Gilles Granier.
DELPHINE CORDAZ