UE, UE, UE… Certaines grandes surfaces oublient les agriculteurs français

Avant le conseil d’administration de la FNSEA 44, une délégation de la FNSEA 44 et JA 44 s’est rendue au magasin Carrefour de la Beaujoire, à Nantes, pour une opération de relevé de prix et d’origine des produits.

Du steak haché avec du bambou… ce n’est pas une blague, mais une réalité dans le bac « anti-inflation » de la grande surface Carrefour de la Beaujoire, à Nantes. De nombreux steaks hachés présentent des fibres végétales, jusqu’à réduire la partie viande de moitié du poids au rayon surgelé... et une origine parfois estampillée Union européenne (UE). C’est précisément ce qu’une délégation d’agriculteurs de la FNSEA 44 et JA 44 a été vérifiée, lors d’une opération « coup de poing », jeudi 2 mars. 

Les surprises n’ont pas manqué, en particulier sur les petites « astuces » de certaines grandes surfaces et industriels pour perturber les consommateurs sur les origines des produits. Parmi les florilèges de « l’embrouille », on trouve deux beurres d’une même marque. Même emballage, même couleur, mais un plus grand que l’autre… même emballage ? Pas vraiment, car l’un présente une petite carte de France car le lait provient de l’Hexagone, tandis que son homologue de plus grand conditionnement est d’origine UE. Quand on est consommateur, il faut avoir l’œil entraîné pour ne pas se faire avoir ! Au rayon jambon, l’origine française est plus que minoritaire et le packaging joue sur l’ambiguïté. Une célèbre marque qui se présente sur son emballage comme une « Maison familiale et vendéenne » vend un jambon bio sans nitrite, qui « respecte l’environnement et l’animal » (suivant sa propre argumentation)… mais qui, quand les syndicalistes retournent l’emballage, a une provenance UE. 

Le consommateur doit se montrer extrêmement vigilant pour contrer les astuces des industriels qui créent le trouble sur la provenance des produits.

Panier anti-inflation, la bonne excuse ?

À grand renfort de communication, les grandes enseignes exposent des produits censés aider les ménages contre l’inflation. « On a voulu vérifier les origines et les prix, contrôler le panier anti-inflation qui présente des prix dérisoires », explique Martial Bouvier qui a effectué un relevé de prix avec ses collègues de la FNSEA 44 et des JA 44. « On est venu il y a plus d’un an dans cette grande surface et on avait sorti une trentaine de caddies de produits importés. On a voulu savoir si les leçons avaient été tirées, si les choses ont évolué, rapporte Anthony Moreau, secrétaire général de la FNSEA 44. Cette opération coup de poing est en lien avec un mot d’ordre national. » 

Ce que dénoncent aussi les agriculteurs, c’est qu’on leur avait dit que la montée en gamme de leurs productions serait leur salut. Ce qu’ils ont fait. Mais le panier anti-inflation, avec ses produits bas de gamme, tend à démontrer le contraire. « Les prix sont toujours plus bas, avec de moins en moins de marges pour les exploitants français. C’est contradictoire d’avoir nos produits français toujours plus qualitatifs et de plus en plus de produits importés », ajoutent les représentants de la FNSEA 44. « Ce n’est pas aux produits agricoles français d’être la variable d’ajustement de l’inflation. On a une production de qualité et on veut en vivre, termine Martial Bouvier. Aujourd’hui, les grandes surfaces sont à l’origine de la désertification des campagnes. »

Delphine Cordaz