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VIDEO - AG FNSEA 44 + JA 44 : Intervention de François Michaud, Grand-Lieu

Christelle - Webmaster Agri44 Loire-Atlantique agricole
Le 18/01/2019 à 14:34 I Soyez le 1er à déposer un commentaire
VIDEO - AG FNSEA 44 + JA 44 : Intervention de François Michaud, Grand-Lieu

A l'occasion de l'AG commune de la FNSEA 44 + JA 44, les cantons ont pris tour à tour la parole.

Grand-Lieu - François Michaud

6 h 45 : le réveil sonne. Ayant un de mes deux associés en vacances, le travail ne va pas manquer pour cette journée de réveillon de Noël. 7 h 10 : au boulot, ordi robot.
7 h 20 : je commence l’alimentation des animaux.
8 h 05 : j’écoute les infos à la radio dans mon télesco. Là, un journaliste narre un reportage sur les viandes de fête types volaille, gibier, viande de boeuf. En fin de reportage, celui-ci fait la remarque qu’il est de plus en plus onéreux d’acheter de la viande bovine puisqu’elle a augmenté de 56% en quinze ans pour les consommateurs. Je m’arrête 30 secondes, réfléchis et je me dis : «+56% en quinze ans et nous, producteurs, le prix de vente n’a pas augmenté… Bizarre, où va la différence ? Peut-être pour le Père Noël !» J’essaie de rester calme.
 


8 h 30 : les vaches laitières mangent.
9 h : j’attaque l’alimentation des génisses et des taurillons.
9 h 45 : je veux pailler mes vaches laitières. Je vois deux vaches très amoureuses : soudain l’une chevauche l’autre, elle glisse, tombe par terre, essaie de se relever mais dérape. Rien à faire, elle n’y arrive pas. C’est le drame. Les ennuis commencent. Je reste zen et lève la vache à l’aide de la pince de hanche. Elle tient debout mais je dois la mettre en case de terre battue. Je peux enfin commencer à pailler.
12 h : je vais voir un voisin pour lui prendre sa trayeuse portative. Il m’invite à prendre un verre et il me dit : «Tu sais, en 2019, il va falloir que je prenne des décisions : mon associé part cette année à la retraite. Je vais peut-être jeter l’éponge.» Je lui réponds : «Tu déconnes!» Il reprend : «Tu sais, demain, tout seul, ça va être chaud. On travaille déjà 10heures par jour tous les deux plus un dimanche sur deux. Je prélève 1 100€ par mois. Après son départ, même si je prélève 2 000€ par mois, avec les 800 à 900€ de reprise de parts et 20heures de boulot par jour, je crois que ça va pas le faire.» Dans la commune voisine, ily avait douze fermes laitières il y a dix ans. En fin d’année prochaine, il n’y en aura plus que deux si lui aussi arrête. Triste hécatombe.
13 h 15 : je rentre chez moi. Mes beaux-parents sont là pour manger. Devant une bonne entrecôte, mon beau-père me dit : «Tu as entendu les végans ou les antispécistes ont encore attaqué une boucherie à Lille.» Je lui réponds : «tu sais, c’est grâce à l’alimentation carnée que l’homme est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Grâce à la diversification alimentaire et notamment la viande avec l’apport en vitamines, en fer et sa richesse en protéines, l’homme préhistorique a pu augmenter ses facultés mentales et physiques.» Il reprend : «Les végans, avec leurs fromages, saucisses de soja ou steaks de betterave ! Je comprends maintenant pourquoi ils font ça ! Ils ont le cerveau qui devient celui d’une coquille vide avec un pois chiche.» Après le repas, pendant le café, tranquille, j’ouvre une de mes revues laitières et là, je lis le titre : «L’arrêt de l’usine de Craon n’aura aucune incidence sur le prix payé aux producteurs en 2018 et en 2019», dixit Monsieur Nallet, responsable Communication chez Lactalis. En lisant l’article, une sensation bizarre m’envahit : comment dire ? C’est comme si, nous, les éleveurs laitiers, on était en train de se faire …bipp !… bien profond. Du coup, je referme énergiquement la revue et repars au travail bien énervé. De plus, il y a cet accord tarifaire confidentiel entre Danone et E.Leclerc intégrant les coûts de production mais sans aucun chiffre. Je suis perplexe, surtout quand c’est M.Leclerc. Tous pourris ! Puis je relativise un peu : Intermarché a conclu un accord avec Savencia et Sodiaal permettant la revalorisation du prix du lait; on parle de 375€. Mais je suis comme Saint-Thomas : je ne crois que ce que je vois.
17 h : je trais ma vache convalescente au pot.
17 h 20 : je pousse les fourrages de tous les animaux et m’aperçois qu’une vache a vêlé.
17 h 35 : je mets ma fraîche vêlée au robot et vois une génisse qui va bientôt faire la même chose.
18 h : je regarde l’ordinateur et je vois que le nombre de traites incomplètes est important. Je fais mes logettes et dirige mes vaches mal traites et retardataires vers les robots. Ça va être tendu pour finir tôt.
18 h 12 : SMS (ma femme) : «Pense que c’est le réveillon alors ne finis pas trop tard.»
18 h 50 : toujours pas de vêlage de ma génisse. Je donne le lait à mes veaux.
19 h 05 : SMS : «Tu as bientôt fini ?» Je réponds : «Je fais au plus vite.»
19 h 06 : SMS : «Cela veut dire ?» Je ne réponds pas.
19 h 10 : je prends la vêleuse et sors difficilement le veau. Pendant ce temps, le téléphone sonne sans interruption.
19 h 31 : après avoir fini le vêlage, je regarde mon téléphone. Ma femme m’a appelé six fois. Je l’appelle pour lui raconter ce qui se passe. Je n’ai pas le temps de donner d’explication qu’elle me lance: «Tu peux répondre au moins! Tu ne peux même pas finir de bonne heure le soir du réveillon? Quel boulot de merde !». Et elle raccroche.
19 h 33 : dépité par la situation mais consciencieux dans montravail, je passe la génisse dans le robot et fais boire le veau. Heureusement, tout se déroule sans accroc.
20 h : je rentre à la maison où ma famille m’attend. Ma femme arrive vers moi, me regarde, me sourit et d’un air complice, me dit : «Allez, François, maintenant réveillonnons.» Moi, je me dis : « Quelle journée !» Notre métier n’est pas toujours compris des autres. Heureusement que la passion du métier ne me quitte pas et me permet de relativiser malgré parfois l’amertume ou la frustration. Le temps passe, le monde change mais nos conditions de travail, elles, restent identiques. Essayons de passer une bonne soirée sans penser au lendemain, en oubliant tous les problèmes de la vie, ou presque, l’espace d’un instant. Ma fille trépigne d’impatience d’ouvrir ses cadeaux.
 

   

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