Caprin - Viande caprine, quel modèle demain ?

La FNEC a tenu mardi 3 décembre sa journée annuelle consacrée à la viande caprine pour échanger sur les enjeux et l’évolution de cette filière, adjacente à la production de lait.

Après un sursaut des abattages en 2022 en raison des charges élevées, les abattages de chèvres de réforme ont reculé de 5% sur la campagne 2023-2024. Les abattages de chevreaux ont baissé de 1%, effet probable d’une pratique plus répandue de la lactation longue. Les cotations étaient également à la baisse. Le chevreau gras valait 4,63 €/kg à Noël 2023, soit -6% par rapport à 2022, et 3,71 €/kg à Pâques 2024, soit -5% par rapport à 2023. 

Menaces de l’Europe

La réglementation européenne sur le bien-être animal, notamment les questions relatives au transport des animaux, est en cours de révision. Plusieurs critères sont étudiés : la température, la surface disponible pour chaque animal, la durée du transport et l’aptitude à être déplacé de l’animal. Cependant, il manque de données scientifiques sur les caprins, les recommandations sont similaires à celles pour les ovins. Des études économiques doivent également être menées : 28% des chevreaux nés en France parcourent plus de 100 km pour atteindre un centre d’engraissement, la limitation de la durée de transport représenterait une perte de débouchées importante pour la filière. Interbev rejette en bloc ces nouvelles recommandations européennes. Jacky Salingardes, président de la FNEC, est catégorique « c’est une bombe qui va faire exploser le système ». Des négociations auront lieu sur ces sujets dans le courant de l’année 2025. 

Conforter la filière en région

Ces contraintes pousseraient vers le retour à un système naisseur-engraisseur systématique ainsi qu’au développement de méthodes de production de lait limitant la production de chevreaux. L’engraissement à la ferme nécessite cependant de la surface et de la main-d’œuvre et nécessite surtout le maintien d’outils d’abattage de proximité, ce qui n’est pas la tendance actuelle. Le nombre d’abattoirs prenant en charge les caprins a diminué de 10% depuis 2020. Un certain nombre ont notamment préféré arrêter l’activité plutôt que de réaliser des mises en conformité coûteuses. Les outils peinent à se maintenir en raison de la forte saisonnalité de la production, 50% des volumes sont produits en mars. Il manquerait en revanche 1 500 chevreaux pour répondre à la demande à Noël. Fournir l’offre en novembre et décembre permettrait de fidéliser les canaux de distribution pour mars et avril mais nécessite encore d’autres ajustements des éleveurs, via du dessaisonnement notamment. Des projets sont toujours en cours au niveau de l’interprofession pour identifier dans les régions les outils existants et définir une stratégie de démultiplication des moyens d’abattage.

Trouver l’abattoir le plus proche et autres ressources : www.abattoirs-chevreaux.fr

Clémence Alleaume