Économie - « La réactivité est le facteur clé »

L’année climatique, depuis l’automne 2023, a fragilisé les exploitations agricoles. La structure Réagir 44 peut intervenir pour trouver des solutions, mais il est recommandé de la solliciter dès les premiers signaux.

« Si vous tournez le dos à une difficulté, vous allez la multiplier par deux. Si vous l’affrontez rapidement et sans vous dérober, vous la réduisez de moitié. » Michaël Verdier, coordinateur de Réagir 44, cite volontiers Churchill pour illustrer l’esprit qui doit prévaloir quand les premières difficultés surviennent dans une exploitation. Avec les conséquences d’une année d’excès de pluie, beaucoup plus sont concernés. Difficultés à réaliser les emblavements à l’automne 2023, cultures de printemps qui ont pris du retard, quantité et qualité qui n’étaient pas au rendez-vous, sans parler de cultures engagées comme le tournesol qui ne pourront peut-être pas aller au bout… Alors, il n’y a rien de surprenant à ce que des agriculteurs se retrouvent face à une déstabilisation de leur trésorerie, « en espérant que les emblavements de cet automne se réalisent dans de bonnes conditions », complète Michaël Verdier. Certaines filières pourraient connaître un effet ciseau (viande, lait, grandes cultures), celui des moyennes triennales qui va engendrer des hausses d’impôts et de la MSA, malgré une année 2023-2024 difficile. Michaël Verdier souligne que « les banques constatent que les épargnes en juillet sont plutôt à la baisse et que les comptes en défaut sont plutôt en tendance haussière ». 

Des profils à risque

« Avant, on recevait plutôt des exploitants qui avaient eu un problème technique, qui avaient fait une erreur stratégique comme un problème de dimensionnement de leur exploitation. Mais aujourd’hui, depuis le Covid, on note une montée en puissance des fragilités humaines (tensions entre associés, divorces, problèmes de santé). Le Réseau mal-être fait de plus en plus de veille et c’est compliqué de déterminer si on recense plus de cas ou s’ils nous remontent plus. En tout cas, la prise en charge est plus rapide », met en balance le coordinateur. Certains profils sont plus à risque : « les jeunes installés, les bio, les exploitants en zone de marais, les viticulteurs ou les arboriculteurs. Les jeunes installés de moins de dix ans représentent la moitié de nos dossiers, encore plus en circuits courts. Ils ont moins de capacité financière pour faire le dos rond et sont souvent moins expérimentés. L’expérience permet parfois de faire les bons choix et souvent plus rapidement. Et la non-réalisation des objectifs dans les deux années qui suivent l’installation peut conduire à une grande instabilité de l’exploitation. Les filières bio dans leur ensemble sont impactées par la baisse du pouvoir d’achat. Les viticulteurs et arboriculteurs ont subi plusieurs années de gel consécutives et une année de pluviométrie qui ont pu générer peu de production. » 

Ne pas attendre

Les manifestations du début d’année ont montré la pression psychologique que subissent les agriculteurs, les aléas climatiques les plongent aussi dans l’incertitude. Pourtant, ils tardent parfois à se tourner vers des structures comme Réagir 44 pour faire le point, avec un œil extérieur bienveillant. « Les dossiers arrivent toujours trop tard alors qu’il faut agir dès les premiers signaux faibles », regrette Michaël Verdier. « Une petite erreur stratégique peut devenir déterminante si on ne réagit pas tout de suite. Il faut garder confiance et demander de l’aide », ajoute-t-il. Parfois, il faut juste démêler ce qui est structurel et conjoncturel, et faire en sorte que le conjoncturel ne produise pas du structurel. « Il faut garder la tête froide et mettre en place les premières mesures correctives pour se rassurer », conseille le responsable. Mais quelles que soient les situations de chacun, « la réactivité est le facteur clé », prévient Michaël Verdier qui s’attend à être plus sollicité durant ce dernier trimestre 2024.

Contact

La ligne régionale de Réagir 44 est le 02 53 57 18 32.

Après avoir laissé un message, un premier rendez-vous sera fixé rapidement pour un entretien dans le mois qui suit. 

Delphine Cordaz