Crise énergétique : des mesures d'accompagnement bienvenues, mais loin d'être suffisantes !

Présentées en tout début d’année, les mesures d’aides pour l’électricité présentées par le gouvernement ne sont pas assez convaincantes pour les agriculteurs, surtout pour les contrats reconduits sur le second semestre 2022.

Alors que le gouvernement continue de multiplier les annonces pour donner l’illusion d’un soutien massif aux entreprises, l’analyse des mesures proposées ramène à une implacable réalité : le compte n’y est pas ! Même si certains exploitants agricoles vont être partiellement aidés par ces mesures, une grande partie n’en verra aucun effet, tant les niveaux de tarifs retenus demeurent élevés ! Alors que les TPE payaient en moyenne 80 €/MWh en 2021, l’amortisseur tarifaire ramène une partie du prix à 180 €/MWh, et le bouclier tarifaire pour les compteurs >36 kva plafonne le prix à 280 €/MWh…
Pour autant, afin que les négociations continuent, il est primordial que les exploitants concernées aient un recours massif à ces aides, afin que l’argument relatif à la non-utilisation des mesures de soutien soit inopérant, et qu’enfin, le gouvernement accède à la demande de la FNSEA de bouclier tarifaire efficace !
 

Des négociations toujours en cours

La FNSEA participe aux réunions organisées par Bercy, notamment aux côtés des représentants des TPE/PME, de la distribution. De nombreux cas d’exploitants agricoles ont été remontés auprès des conseillers des différents ministères, en exposant leurs difficultés et en quoi les dispositifs initialement envisagés étaient inadaptés. Il était par exemple prévu en novembre un amortisseur plafonnant à 325 €/MWh, la moitié de la part de la facture hors Arenh. C’est à partir de ces échanges qu’une nouvelle version de l’amortisseur a été présentée, déjà plus favorable et plus accessible, avec un plafonnement à 180 €/MWh sur la moitié de l’ensemble du prix. Il a également été obtenu l’éligibilité des achats de chaleur au guichet d’aide au paiement de gaz et d’électricité. Depuis le début de la crise, une revendication très forte de la FNSEA était l’extension du bouclier tarifaire aux compteurs >36 kva pour les TPE. Cette demande a été partiellement entendue, avec désormais un bouclier à 280 €/MWh. Ce seuil reste très élevé et assez inopérant en période estivale pour les profils irrigants notamment. Les négociations se poursuivent pour obtenir un seuil plus faible.

Crainte pour la production 2023

Le pic d'inflation est attendu pour le début de l'année par le gouvernement. Malgré les annonces gouvernementales, de nombreuses exploitations ont été contraintes de souscrire des contrats énergétiques sur le second semestre 2022. Ce qui induira un coût de production durablement élevé sur au moins l’année prochaine. Alors que le marché de gros de l’électricité a fortement baissé, la renégociation des contrats est souvent très compliquée et les frais de résiliation anticipée des fournisseurs sont volontairement dissuasifs. La répercussion de la hausse des coûts de l'énergie sur le prix des produits alimentaires français a ses limites, avec en plus un risque de voir les importations de produits étrangers augmenter afin de servir d'amortisseur.