Élevage - Pâturage et robot : c’est possible

Seenovia a organisé fin mai la première édition du Rallye robot et pâturage en Mayenne et Loire-Atlantique. 

Au Gaec de La Closette, à Vigneux-de-Bretagne, les deux associés combinent robot de traite et pâturage depuis quinze ans. Cette question de l’alliance entre robot et pâturage se pose chez de nombreux éleveurs laitiers. C’est pourquoi Seenovia a organisé la première édition du Rallye robot et pâturage fin mai en Loire-Atlantique et début juin en Mayenne. « Ces journées s’adressent aux éleveurs en réflexion. Environ 45 personnes sont présentes aujourd’hui, soit une vingtaine d’élevages, et on estime qu’il y a une cinquantaine de projets d’installation de robots dans le secteur, donc nous sommes vraiment satisfaits de la mobilisation des éleveurs. Cela montre que, dans leur démarche de réduction de l’astreinte de travail et de la pénibilité, ils n’ont pas envie de délaisser le pâturage », indique Dominique Landais, consultant Nutrition et Robot chez Seenovia.

Le Gaec de La Closette se compose de 240 ha situés autour de l’exploitation et d’environ 130 vaches prim’holstein (1,350 million de litres de lait par an). Les deux robots ont été mis en place en 2008, à l’installation de Charles Brochard. « Nous avons installé un robot pour une question de main-d’œuvre. Nous passions en effet de trois à deux associés dans le Gaec et nous voulions absolument maintenir le pâturage », explique Hervé Brichon. Le Gaec de La Closette a commencé en full grass (une seule parcelle et évolution de l’affouragement en fonction du stock de l’herbe) avec les silos fermés pendant deux ans. « Ça nous prenait trop de temps d’aller chercher les vaches dans des parcelles de 4 ou 5 ha. Nous avons redivisé nos 30 parcelles entre 1,4 et 2,2 ha, soit environ 40 ares par vache. Et aujourd’hui, nous fonctionnons en pâturage tournant au fil avant et les vaches produisent 29 litres par jour », précise Hervé Brichon. 

Trois conditions :  accessibilité, saturation et motivation

Des points d’eau ont été installés dans toutes les parcelles et les chemins en terre, d’environ 5-6 m de large pour garantir le passage d’un tracteur, ont été empierrés. Les deux associés travaillent en deux lots (parcelles de jour et parcelles de nuit) avec une ration de maïs d’environ 4-5 kg MS en moyenne. Cette année, les vaches sont sorties à l’herbe le 19 février ; la nuit, elles ont été mises à l’herbe dès le 3 avril. Depuis le début de l’année, chaque vache laitière a pâturé 0,5 t MS d’herbe. Au 25 mai, le rendement d’herbe valorisée atteint entre 3,5 et 4,5 t MS/ha d’herbe.

Dans le bâtiment, les vaches bénéficient d’une circulation « libre optimisée », c’est-à-dire que la majorité est redirigée vers les logettes avec la ration de maïs avant de repartir au pâturage et que d’autres (vêlage, par exemple) sont séparées pour une gestion individuelle. « Au départ, nous avions des vêlages groupés sur six mois pour une production annuelle de lait de 900 000 litres. Ça a fonctionné. Là, nous avons des vêlages toute l’année. » 

L’organisation du Gaec de La Closette a donc évolué au fil des années pour arriver à un fonctionnement qui correspond à son système et à ses besoins. « Ça s’apprend au fur et à mesure. Il y a tout de même trois piliers : l’accessibilité du parcellaire ; la vigilance sur le niveau de saturation de la stalle et, aussi, la motivation de l’éleveur. C’est important qu’il aime observer ses animaux et s’interroger. Il ne faut pas baisser les bras dès le premier obstacle ; face à chaque difficulté existe des trucs et astuces. En tant que techniciens, nous sommes là pour fédérer les connaissances de chacun et les partager », souligne Dominique Landais. 
 

Estelle Bescond