Pâturage. Après le froid et la sécheresse d’avril, les pluies de mai ont ramené un peu de sérénité. Mais les prairies, fatiguées, explosent tardivement. Il va falloir les protéger.
Ce début de printemps fût difficile pour les prairies ligériennes. En avril, le froid combiné au gel et à la sécheresse, a stoppé leur croissance : les stades sont restés identiques. Certains éleveurs ont dû agrandir leur surface de pâturage pendant une dizaine de jours pour allonger le temps de repousse ; d’autres ont préféré compléter à l’auge (bovin lait) ou retarder les sorties (bovin viande). Mai a ramené de la sérénité avec de l’eau.
« Aujourd’hui, à l’échelle régionale, ça va mieux, indique Elise Michel, conseiller prairie / fourrage à la chambre d’agriculture Pays de la Loire. Mais les prairies sont fatiguées et elles ont mis du temps à redémarrer. L’explosion de croissance a lieu depuis une dizaine de jours mais avec beaucoup d’épis à gérer en même temps. En termes de suivi de qualité, c’est plus compliqué. Il faut être rigoureux. »
Ce retard printanier a pour conséquence de réduire les premières coupes d’herbes pour les stocks, entre un tiers et un quart selon les zones et les espèces. « Mais grâce à la chaleur, on a réussi à faire des foins plus précoces, à l’exception de certaines réglementations MAE en Loire-Atlantique.»
S’il existe des disparités régionales en fonction des zones et des pluies orageuses plus ou moins marquées, le bilan en Loire-Atlantique est globalement similaire à celui des Pays de la Loire. « La différence peut venir avec quelques pics de chaleurs ce weekend. La baisse de production estivale devrait logiquement s’amorcer. C’est assez fréquent en juin. Les conditions météo des quinze jours à venir va conditionner la poursuite ou l’arrêt du pâturage. »
Protéger ses prairies va être essentiel. « Si on ne les préserve pas, même s’il y a des conditions plus favorables, elles n’en profiteront pas. En revanche, avec une gestion rigoureuse, on pourra profiter de l’herbe pâturée et de ses bénéfices plus longtemps et ainsi épargner son stock de fourrage. »
Premier conseil : pas de surpâturage. « Il faut préserver la couverture des sols et ne pas descendre en-dessous des cinq centimètres minimum. Faîtes tourner les animaux dans les prairies et ne cherchez pas à faire consommer les derniers kilos de matière sèche en dessous de ce seuil. Si non, déplacez votre troupeau sur une parcelle parking en veillant à ce qu’il y ait de l’eau et, idéalement, de l’ombre. »
Second conseil : évitez de faucher trop ras pour préserver l’aptitude de la repousse de l’herbe pour les futures fauches ou les futurs pâturages.
Facilitez l’accès à l’eau et soyez vigilant sur sa qualité. « C’est un gage de bonne continuité du pâturage. Si le bassin d’abreuvement est loin, les animaux n’iront pas pâturer et ne mangeront pas suffisamment. Il y aura des soucis de performance et de disparités dans le pâturage. »
Enfin, après les foins, « faîtes un premier bilan des stocks et réadaptez votre stratégie fourrage en conséquence pour anticiper vos besoins pour l’hiver prochain et moins subir le déficit le cas échéant ».