Magazine - « Je n’ai pas d’ambition personnelle, j’ai de l’ambition collective »

Christophe Sablé a été élu président de la chambre d’agriculture, une nouvelle étape dans son parcours au service du collectif.

Élu président des JA de son canton, avant même d’être installé exploitant agricole… Voici un point de départ et une singularité qui en disent long sur l’engagement de Christophe Sablé ! C’est presque logiquement que l’éleveur laitier a généré un consensus autour de sa personne au poste de président de la chambre d’agriculture, pour prendre la suite d’Alain Bernier qui a fait valoir ses droits à la retraite. 

Christophe Sablé a coché toutes les cases dans son parcours, pierre après pierre. Il est devenu président des JA 44, où avec une petite troupe très active, il a relancé les finales des concours cantonaux. À 35 ans, sonne la fin de son mandat aux JA 44, en 2004. C’est donc en toute logique qu’il poursuit ce chemin syndical avec la FNSEA 44, où avec ce même groupe issu des JA 44, ils ont apporté « du sang neuf et différent dans la structure »… Il est déjà élu à la chambre d’agriculture, mais dans le groupe minoritaire. En 2007, c’est une tout autre chanson car il intègre les bancs de la majorité comme secrétaire général de la chambre, tout en étant président de la Fédération départementale des producteurs de lait (FDPL 44) depuis 2003 (fonction laissée deux années puis reprise). Bref, Christophe Sablé est tout sauf un visage inconnu dans la profession !

Une lignée d’agriculteurs

Avant de revenir sur la ferme familiale, Christophe Sablé a eu une première vie professionnelle dans plusieurs secteurs : en laiterie, commercial, salarié dans des industries de contrôle de soudures, pour terminer responsable d’une équipe d’une trentaine de personnes dans le contrôle de construction de cuves pour les méthaniers. « C’est bien de voir comment ça se passe ailleurs, de ne pas rester cantonner dans le milieu agricole. On découvre différentes façons de fonctionner et ça permet de ne pas se faire enfermer par le métier d’agriculteur. On apprend à se libérer le week-end, à prendre des vacances ! On met des choses en place dans son organisation… Et si on veut attirer des jeunes vers ce métier, il faut améliorer les conditions de travail, la pénibilité, libérer du temps », assure le nouveau président. 

Fort de ses expériences, il est revenu dans la ferme familiale à 27 ans, au moment du départ en retraite de ses parents… lui qui nourrissait cet objectif d’installation. Aujourd’hui, son exploitation laitière compte trois associés, sur 140 ha (15 ha de prairies permanentes, 20 ha en céréales, 28 ha en maïs et le reste en herbe), avec une production de 800 000 litres en moyenne, certifiée Haute valeur environnementale (HVE). À 55 ans et tout juste grand-père, Christophe Sablé incarne la quatrième génération sur le même site agricole… et la cinquième va arriver ! En effet, son fils va s’installer au 1er janvier 2024, à la suite du départ d’un des associés.

L’agriculture et son environnement

« Je voulais aussi connaître l’envers du décor au métier de la production, tous les facteurs qui entrent en jeu », explique Christophe Sablé. Ces divers engagements lui ont apporté « une compréhension et une participation à tout ce qui gravite autour de l’agriculture, tout ce qui nous impacte au quotidien, là où il faut être vigilant sur nos exploitations, au niveau de la réglementation… Savoir pourquoi, comment et où ça se décide ». 

L’éleveur laitier place sa présidence « dans la continuité de la politique de la FNSEA 44 et des JA 44, au service de toutes les agricultures, de tous les systèmes et de toutes les productions. C’est cette alchimie qui fait la richesse de notre agriculture, sans dogmatisme ». Parmi les dossiers prioritaires, Christophe Sablé compte « le renouvellement des générations, la capacité de rémunérations des actifs, le bien-être des agricultrices et agriculteurs, trouver des solutions aux différents enjeux de demain autour de la souveraineté alimentaire, de l’évolution climatique, des différentes attentes sociétales, du bien-être animal. Il faut mettre l’outil �œchambre” dans la perspective de proposer des solutions aux agriculteurs ». 

Les sujets ne manquent pas, mais deux émergent de la pile : la transmission et la gestion de l’eau. Pour le premier thème, « la chambre d’agriculture possède cela dans ses fonctions mais les enjeux sont multiples : ce sont ceux de la filière, du tissu rural et des consommateurs. L’agriculture produira ce que les gens voudront consommer. Si nous ne le produisons pas, on va importer des produits d’une agriculture qu’on ne veut pas avoir ». Concernant l’eau, « c’est un sujet d’actualité, en quantité et en qualité. On entend beaucoup de débats autour des modes de production même si on a en France l’agriculture la plus vertueuse au monde. On a certainement besoin de communiquer encore ». 

Cette nouvelle fonction, « c’est un nouveau challenge pour moi, je vais le relever avec humilité. Mon rôle sera d’animer des équipes, élus et collaborateurs, de se rapprocher des contraintes de chaque territoire et d’être une courroie de transmission auprès des élus de collectivités, de l’administration, des organisations professionnelles et de rester dans la ligne de la FNSEA 44 et JA 44 », formule le nouveau président de la chambre d’agriculture.

Delphine Cordaz