Maraîchage - Des échanges constructifs entre Maraîchers nantais et maires

La Fédération des Maraîchers nantais a tenu son assemblée générale fin décembre.

Le dialogue. Un outil essentiel pour faire avancer des projets, régler des litiges, dénouer des malentendus, comprendre les contraintes des uns et des autres… La table ronde, organisée par la Fédération des Maraîchers nantais lors de sa 97e assemblée générale fin décembre à Pont-Saint-Martin, en a été la parfaite illustration. Trois maires ont été conviés pour témoigner en toute transparence de leur rapport avec les maraîchers, de leurs attentes ou de leurs difficultés. 

« On peut le dire, ma première rencontre avec les maraîchers n’a pas été facile. A l’époque, le métam-sodium était pulvérisé. J’avais dû fermer un village. On avait organisé des réunions, c’était assez tendu. On était plutôt dans l’affrontement. Quelques années plus tard, on s’est dit qu’il fallait aller dans la construction pour améliorer les choses. Aujourd’hui, la relation est plutôt apaisée, avec la mise en place de projets communs comme la plantation de haies », raconte Patrick Bertin, maire de Saint-Colomban.

Le politique, parfois, peut être vu comme « un empêcheur pour le monde agricole, note Véronique Dubettier-Grenier, maire de Carquefou. L’agriculture fait partie de l’ADN de la commune donc je considère que l’on doit redonner aux agriculteurs leur juste place ». En ce sens, à Saint-Julien-de-Concelles, le maire actuel Thierry Agasse a fait « entrer des agriculteurs dans le conseil municipal ». 

L’épineuse question du logement des travailleurs

C’est par le « respect mutuel » et une relation « de confiance » que les choses peuvent avancer. Cette table ronde a donc permis de « se dire les choses ». Le sujet du logement des travailleurs était au cœur des échanges. Les trois élus ont posé un constat : dans la métropole nantaise, la pression foncière sur le bâti est forte. « Le Département accueille 15 à 17 000 nouveaux habitants par an. Pour la majorité, ils s’installent dans la Métropole et sur la façade Ouest », rappelle Véronique Dubettier-Grenier. À cela s’ajoute l’impossibilité de construire sur les zones agricoles. Pour loger les quelque 5 000 saisonniers auxquels les maraîchers ont recours, les difficultés sont grandes. « Aujourd’hui, nous sommes sans solution, il faut bien l’avouer », admet Patrick Bertin. Alors qu’ils n’en ont pas l’obligation, certains maraîchers en arrivent à créer des logements pour les saisonniers. « Certains achètent même des maisons », souligne Thierry Agasse. 

Tous, élus comme maraîchers, s’accordent à dire qu’il faudrait « assouplir les règles ». Anthony Lafage, maraîcher à Pont-Saint-Martin, a également pointé du doigt le prix du foncier. « Pour pérenniser l’exploitation, on a voulu construire du neuf : 280 €/m2. Et certains salariés permanents n’ont pas d’autres choix que d’acheter un bien immobilier en Vendée car les prix sont trop élevés ici. » Cette situation, et donc l’impossibilité de mettre en place des solutions pérennes, exaspère les maraîchers. « Nous sommes la seule profession à qui on demande de loger les salariés. Des patrons d’usine prennent des intérimaires et ne les logent pas. Pourtant, nous, on nous accuse d’attirer des populations précaires, de créer des bidonvilles… Si tout le monde faisait les mêmes efforts que nous, on n’en serait pas là. Si les dossiers de logement avançaient, ça permettrait d’arranger les choses demain », estime Louis Vinet, maraîcher à Bouguenais. 

Estelle Bescond