Pays de la Loire - Retrouver de la souveraineté alimentaire, industrielle, énergétique
Quelle est votre vision sur la situation en Ukraine ?
Nous sommes très inquiets car l’Ukraine fait partie du grenier à blé du monde, c’est une grande zone de production avec un port d’expédition très important. Les conflits actuels sont en train, d’une part, d’appauvrir la production ukrainienne dans un but certainement d’affamer le peuple, et d’autre part, d’empêcher les expéditions, notamment de céréales. C’est dramatique car on va déséquilibrer le marché européen et mondial. Cela va avoir pour conséquence une explosion des cours mais aussi des conséquences sur les granivores en France. Cette situation s’ajoute à un contexte où la production porcine est prise dans l’effet ciseau avec la Chine. On se dirige vraiment vers la rupture.
Enfin, cette situation a aussi un impact sur la production d’énergie, notamment le gaz et le pétrole. Le gaz a un effet collatéral sur la production d’engrais. S’il y a une rupture sur la production d’engrais, il risque pour les mois à venir, d’y avoir un impact très fort sur l’acte de production : au-delà du coût de production, c’est la question de la disponibilité et donc de la pénurie.
Faut-il renforcer la souveraineté en France ?
Tout à fait. Aujourd’hui, les élus nous parlent des enjeux environnementaux, de la qualité de l’eau, du bien-être animal. Dont acte. Il faut y veiller mais, attention, il ne faut pas être dans la décroissance. Le Green Deal proposé par l’Europe doit être stoppé. C’est une ineptie de geler une partie des terres en production. La souveraineté alimentaire est aussi la souveraineté industrielle, énergétique ou encore d’intrants. En France, nous avons laissé partir des secteurs d’activité par des choix stratégiques et politiques. A nous, aujourd’hui, d’en tirer les enseignements très rapidement car un pays comme la France ne peut pas être affaibli par ces événements. Si on veut être un pays, ou un continent solide, nous devons être souverain dans notre alimentation, notre industrie, nos technologies. Là, on se rend compte que ce n’est plus le cas. C’est pour cela qu’il faut être vigilant.
Delphine Bisson