Sel - La saison de sel 2023 en deux mots : précocité et normale

Les saisons de sel se suivent mais ne se ressemblent pas.

Après la saison historique de 2022 qui a enregistré des records en termes de volume de sel prélevé et mené jusqu’à l’épuisement les paludiers, le « cru » 2023 se distingue par un certain retour à la normale avec tout de même des tendances qui semblent s’inscrire dans le temps. Explications.

La précocité de la saison s’installe durablement

Les professionnels sont unanimes « plus ça va plus il faut être prêt de bonne heure », comme le rapporte Benoît Hermann, paludier sur le secteur de Guérande. Les marais doivent être prêts car des printemps plus favorables donnent des perspectives de récoltes dès le mois de juin pour cette année avec des volumes non négligeables. Cette tendance tend à se répéter chaque année ce qui pousse les professionnels à confirmer que cela s’inscrit dans le temps. Est-ce un indicateur du changement climatique ?  Il faudra encore le mesurer sur les prochaines années mais cela fait évoluer les pratiques. Cela pose aussi un certain nombre d’adaptations. Les saisonniers, surtout composés d’étudiants, sont encore mobilisés par leurs obligations scolaires et le manque de main d’œuvre ne permet parfois pas de prélever autant de fleur de sel que possible par exemple. Cette précocité a aussi comme conséquence d’allonger la saison et donc vient toucher directement l’endurance des paludiers. 

Retour à la moyenne

Sur l’ensemble de la saison et malgré quelques disparités, nous pouvons affirmer que cette saison marque un retour à des rendements corrects et dans les moyennes historiques. Même si « la saison n’est pas finie ! », le rappelle Benoît Hermann, on peut d’ores et déjà retenir une récolte moyenne comprise entre 1,5 et 2 tonnes de gros sel par œillets. Il faudra affiner ces chiffres avec les récoltes de ces derniers jours. A noter une divergence de stratégie au sein du marais compte tenu des rendements record de l’année passée et de la météo. En effet, suite à la récolte de juin et de juillet le mois d'août a été marqué par de fortes quantité d’eau ne permettant pas de récolter. Aussi, lors de l’amélioration de la météo et des nouvelles vagues de chaleurs, certains ont fait le choix de remettre en production quand d’autres ont choisi de ne plus récolter. Ces différences de stratégies ont plusieurs raisons : les rendements de 2022, les capacités de stockage, l’accessibilité aux marchés, la pluviométrie qui est variable d’un marais à un autre, les grandes marées qui n’ont pas eu le même effet suivant la localisation des marais…autant d’éléments qui montrent la disparités des rendements mais qui globalement seront au rendez-vous de cette édition 2023. 

Si le volet production constitue une satisfaction, une piste de travail est à conduire sur la fréquentation dans le marais et surtout sur le respect de cette activité ancestrale qui souffre aujourd’hui de nombreuses incivilités qu’il faudra prévenir pour assurer sa pérennité. 

Xavier PINEL 
Responsable Territoire Ouest-Atlantique    
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