Plusieurs pistes sont étudiées pour intégrer le changement climatique au choix stratégique d’une exploitation viticole.
Suite aux nombreux accidents climatiques comme le gel et les coups de chaleur pouvant échauder les grappes et les périodes estivales induisant de longues périodes de stress hydrique, les rendements sont régulièrement impactés. Les vignobles sont ainsi fragilisés, les profils organoleptiques des vins sont impactés et de nombreuses options techniques sont remises en cause. Depuis 2018, l’Association technique viticole (ATV) informe et donne les clés techniques aux vignerons pour intégrer le changement climatique à leur choix stratégique ainsi que pour choisir le matériel végétal pour leurs prochaines plantations. Formations, diagnostic, expérimentation en groupe, différentes
Formation : sécuriser ses rendements
A la suite des projets Oracle et ClimA XXI, de nombreuses projections sur le vignoble sont disponibles pour estimer à court et long terme l’influence du climat sur différentes cultures dont la vigne. Des indicateurs agro-climatiques comme le risque de sécheresse estivale qui augmente à l’horizon 2030 à six années sur dix et huit années sur dix à l’horizon 2080. L’indice de fraîcheur des nuits en août passerait quant à lui de 14,4°C à 15,7°C d’ici 2030 et 19,4°C en 2080.
Suite à ce constat, l’ATV présente des leviers d’adaptation techniques pour fournir aux vignerons les outils à intégrer à leur itinéraire technique. Une demi-journée de terrain permet de constater ce que l’on peut faire : par exemple, mettre en place l’agroforesterie viticole sur des cépages méridionaux ou des moyens pour lutter contre le gel. Enfin, des leviers d’atténuation du changement climatique sont proposés afin de diminuer l’impact « gaz à effet de serre » car les deux approches sont indissociables. En effet, si on ne réduit pas notre impact, les leviers d’adaptation risquent d’être malheureusement insuffisants pour atteindre les rendements et maintenir le style frais des vins ligériens.
Diagnostic carbone
Cet outil permet d’établir le bilan des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre mais aussi d’estimer le stockage de carbone additionnel lié à l’enherbement permanent des inter-rangs, mais aussi des vignes et des haies aux alentours. Cet outil, développé par la chambre d’agriculture Pays de la Loire, sera complété par d’autres outils existant à l’échelle nationale. A la suite de ce diagnostic qui détermine un point zéro, un plan d’action pourra être élaboré par la suite pour orienter les choix techniques viticoles des exploitations.
Groupe ClimatVeg Viti
Grâce au soutien financier de la région Pays de la Loire, un groupe-pilote de six vignerons se met au travail dans le projet ClimatVeg pour s’adapter au climat. Des partenaires viendront apporter leurs connaissances comme l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), le CNRS de Rennes et l’équipe de la chambre d’agriculture Loir-et-Cher ainsi que l’Ecole supérieure d’agricultures d’Angers (ESA). Six actions sont identifiées, comme l’estimation de la vulnérabilité des exploitations, la modélisation fine du changement climatique, la co-construction de stratégie d’adaptation et l’analyse de ses leviers puis le transfert et la diffusion des acquis. A la suite du premier échange, les risques climatiques les plus récurrents perçus par le groupe sont le gel, l’échaudage, le maintien du rendement, l’alcool, l’identité Loire.
L’adaptation au climat est une réflexion à intégrer dès aujourd’hui dans les choix d’entreprise ou dans les choix lors de la plantation d’une parcelle en 2021, qui devra être suffisamment résiliente pour être adaptée aux conditions climatiques de 2050.
Thomas Chassaing – Chambre d’agriculture Pays de la Loire / ATV 49
