La Commission européenne a dévoilé sa proposition pour le Cadre financier pluriannuel 2021-2027 de l'Union Européenne. Elle propose notamment de réduire de 5 % le budget de la PAC. Henri Brichart, premier vice-président de la FNSEA, fait le point.
La FNSEA s'attendait-elle à une proposition plus avantageuse pour la PAC ?
H.B. : C'est une déception. Même si on sait que les questions budgétaires doivent être compliquées, en particulier dans le cadre du Brexit. Le Royaume-Uni est contributeur net, il met plus d'argent dans le pot commun qu'il n'en prend, le Brexit creuse donc un trou dans le budget européen. Il y a d'un côté cette problématique et de l'autre la volonté d'un certain nombre d'états membres de faire d'autres politiques, et donc cela entraîne des besoins financiers supplémentaires (la défense, la sécurité, la recherche…).
Nous sommes prêts à entendre que la sortie du Royaume-Uni doit impliquer un effort du côté de la PAC. Cependant, ce que l'on ne veut pas entendre, c'est que si on veut faire des nouvelles politiques il faudrait prendre de l'argent de la PAC. Si on veut de nouvelles politiques, il faut que les états membres mettent davantage d'argent sur la table. Faire d'autres politiques au niveau européen est une idée que l'on partage, qui fait partie de nos revendications, mais ça ne doit pas se faire au détriment des politiques historiques, dont fait partie la PAC.
Comment une telle proposition risque-t-elle d'impacter les agriculteurs ?
H.B. : La plupart des producteurs ont entre 50 et 100 % de leur revenu qui provient des subventions de l'UE. Et en plus on a des politiques et des citoyens qui demandent toujours un peu plus aux agriculteurs. Que ce soit en termes d'environnement, de bien être animal, de modèles de production, ces évolutions coûtent cher aux agriculteurs (voir encadré). De plus, les aides de la PAC sont prévues dès la première année et n'évoluent pas avec l'inflation, donc même en parlant d'une baisse de 5 % initialement, avec l'inflation, cela serait beaucoup plus conséquent pour les agriculteurs..
Comment la FNSEA compte-t-elle se mobiliser ?
H.B. : Nous en appelons au gouvernement français pour rectifier le tir dans les prochaines négociations. Qu'il fasse en sorte que la PAC soit mieux préservée qu'à l'heure actuelle. Que Stéphane Travert condamne est à double tranchant. Cela montre que pour lui, et pour le gouvernement français, ce n'est pas un bon début de négociations. Mais on se demande aussi si le gouvernement a fait le nécessaire pour montrer qu'il serait très attentif aux propositions relatives à la PAC en amont. La FNSEA va se mobiliser à la fois auprès du gouvernement et au niveau européen, auprès du Copa-Cogeca. Ce dernier s'était d'ailleurs positionné pour une augmentation du budget agricole, pour qu'il permette de répondre aux attentes des citoyens. Nous allons aussi agir auprès des parlementaires européens, car ils auront aussi leur mot à dire sur le résultat final des négociations.