À Lairoux en Vendée, Enguerrand Godet, éleveur bovin, reçoit en moyenne deux lots de jeunes veaux par an dans ses bâtiments. Un éleveur sous contrat qui se qualifie lui-même de « nourrice » pour ses 685 « petits ».
Il est tombé dans la marmite quand il était petit. À Lairoux, Enguerrand Godet, 40 ans, a succédé à son père en 2014, qui lui-même avait déjà pris la suite de son propre père, au milieu des années 1970. Une histoire de famille, donc ! Pour ces trois générations, une seule même passion pour les veaux de boucherie qui s’est développée avec l’exploitation, au fil de ses transformations réussies.
De 150 places créées en 1968, l’élevage en compte 600 en 1976, puis 420 en 2004 lors de l’installation d’Enguerrand et la création du Gaec entre le père et le fils. « En m’installant, j’ai apporté une cinquantaine d’hectares, mis en culture avec des céréales (blé, maïs, tournesol…) ou en prairies, qui ont alors complété les revenus de l’exploitation », explique l’éleveur. Cette même année, l’exploitation devient élevage intégrateur pour Vals, l’un des cinq adhérents du Groupe d’intérêts économiques (GIE) Les Vitelliers : elle reçoit d’un côté les jeunes veaux de toutes espèces, dont des croisés ; de l’autre, les aliments pour les engraisser. Ce qui permet aux Vitelliers d’afficher une origine 100 % française de ses veaux nés, élevés et abattus en France.
En 2014, au départ de son père à la retraite, Enguerrand ne recherche pas de nouvel associé et reste seul (sous statut d’EARL) : « Alors qu’avant, avec mon père, j’étais plutôt chargé des cultures, j’ai décidé de les déléguer partiellement (Cuma…) et de privilégier les soins aux animaux, ce qui correspond plus à mon goût. J’ai agrandi les bâtiments, plutôt que d’acheter de nouveaux équipements pour les champs. Je n’ai qu’un seul tracteur. »
De la cuisine œmaison”
Depuis 2016, ce sont donc 685 places qui accueillent les jeunes veaux à l’EARL La Bailleraie. On lui livre deux fois par an, ces petits âgés de trois semaines à un mois. L’éleveur les garde et les engraisse dans ses grands bâtiments clairs jusqu’à ce qu’ils aient atteint environ sept mois. « Ils partent alors à l’abattoir de Tendriade, à Châteaubourg, avant d’être transformés, parfois, et de partir en restauration collective. Ou bien ils sont commercialisés par les magasins du groupe Système U (1). »
Le contrat de quinze bandes, reconductible toutes les trois bandes, passé avec les Vitelliers lui assure un prix d’achat (« un prix à la place ») pour chaque veau engraissé. Charge à Enguerrand Godet de faire en sorte que ses animaux se portent bien, grandissent et grossissent harmonieusement. Plus les bovins ont de confort, moins ils ont de stress ! Contre les refroidissements ou les rhumes, les bâtiments sont chauffés. En outre, il y a quelque temps déjà, l’éleveur a suivi une formation de phytothérapie et d’acupuncture pour leur apporter des soins de confort, de façon ponctuelle.
La « cuisine », installée dans le local jouxtant les parcs lui permet de confectionner sur places les rations : d’abord en recomposant le lait, puis au fil des semaines, en intégrant d’autres ingrédients : « J’assemble l’aliment dans le bol de préparation dans la « cuisine » du bâtiment, en ajoutant les fibres, la paille, les compléments alimentaires… Les veaux sont groupés en parc de huit, mais au cours de leur séjour, je les déplacerai en fonction de leur état de santé et de leur croissance. Cela demande de la vigilance et un « peu » d’expérience, » sourit le quadragénaire, dont les journées de travail excèdent largement les dix heures. « On applique un plan d’alimentation respectueux des besoins des veaux. Un technicien du groupement passe toutes les semaines. Au besoin, on échange et il me conseille pour la composition de la ration », conclut l’éleveur.
Yvelise Richard