L’objectif de cette étude menée par huit chambres d'agriculture* et le GIE Entr’AS** est de déterminer des repères par grand système de production pour aider les exploitants à analyser leurs résultats.
L'analyse de groupe présentée pour 2020 a été réalisée conjointement par les chambres d’agriculture de huit départements* et les huit AGC du GIE Entr’AS**. Le groupe Bovins lait comprend près de 510 exploitations laitières spécialisées dont les trois quarts sont en sociétés. La ferme laitière moyenne de l’échantillon est stable en nombre d’UTA (Unité de travail agricole) mais elle s’agrandit en SAU au profit de la surface fourragère. Elle comprend en moyenne 1,7 UTA, 117 ha, 85 vaches laitières pour 600 000 l de lait vendus. 21 ha sont consacrés aux cultures de vente.
En termes de dimension, cela représente 69 ha, 361 000 l de lait par UTA. La productivité du travail des éleveurs de ce groupe progresse toujours, et de manière constante par rapport aux années précédentes : + 3 ha et + 10 000 l de lait vendu/UTA sur l’année en cours. La part de salariat diminue dans les élevages avec 0,3 UTH salariés en moyenne contre 0,4 UTH salarié l’année précédente.
Résultats
Les résultats présentés se situent à cheval sur les campagnes laitières 2019 et 2020. Les rendements médiocres en céréales de l’année 2020 ne sont pas totalement pris en compte dans les résultats présentés. Le produit d’exploitation (à 188 300 €/UTA) est en progression de 11 000 €/UTA environ du fait essentiellement de l’augmentation de la quantité de lait vendue et la progression des aides.
Du côté des charges, les éleveurs ont augmenté leur surface fourragère pour équilibrer leurs bilans fourragers. La charge d’achat d’aliments reste stable mais les coûts fourragers progressent. Les charges opérationnelles et directes progressent de 7 300 €/UTA. Les charges fixes progressent également de 2 300 €/UTA.
Au final, malgré la production supplémentaire, l’EBE (52 500 €/UTA) et le résultat courant (20 600 €/UTA, soit 60 €/1000 l) sont quasi stables par rapport à N-1.
Le capital d’exploitation atteint 330 000 €/UTA (+ 10 000 €/UTA) et avec un taux d’endettement de 57 %.
Perspectives
Les tendances sur le marché du lait conventionnel 2021-22 sont plutôt bonnes. Néanmoins, le marché du lait bio est quant à lui déséquilibré. Le produit lait devrait donc s’améliorer en conventionnel et en fonction du collecteur diminuer pour les élevages bios. Pour certains éleveurs bio, la baisse de prix pourrait atteindre 60 €/1000 l sur la campagne laitière.
A court terme, du côté des charges, tous les systèmes conventionnels et bios sont soumis depuis fin 2020 aux augmentations des matières premières azotées et, en 2021, aux augmentations de l’énergie. Pour l’année en cours, ces évolutions de charges compenseront probablement en totalité l’amélioration des produits issus du troupeau laitier. Si les systèmes fourragers sont sécurisés, en matière de trésorerie, les récoltes de fourrage supplémentaires engendrent de nouveaux besoins de trésorerie qui peuvent représenter 10 €/1000 l.
A moyen terme, cette situation, couplée avec les aléas climatiques, oblige les éleveurs à des choix stratégiques. Elle incite les éleveurs à améliorer l’autonomie alimentaire des systèmes. Pour certains, il s’agit de saisir des opportunités d’évolutions structurelles de leur ferme notamment au niveau du foncier. Pour d’autres, les mêmes facteurs et le manque de main-d’œuvre incitent à produire moins ou à se diversifier ou à arrêter la production. Dans tous les élevages, ce contexte renforce la nécessité d’une réflexion stratégique.
Tous ces facteurs combinés mettent également la plupart des éleveurs et futurs éleveurs laitiers dans l’attente de perspectives de revalorisation du lait, gage d’attractivité de la production, de transmissions-installations réussies et de retour de maintien d’une dynamique de projets.
*Charente, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Manche, Sarthe et Deux-Sèvres.
**AS 44 ; AS 49 ; AS Normandie ; AS Cefiga 37 ; AS Cefiga (72, 61) ; AS Centre Loire (41, 45) ; AS Deux-Sèvres et AS-Afac.
Jean-Claude HUCHON - Chambre d’agriculture Pays de Loire et Fabien CORNU -AS 49