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Bio360 - Quand l'agriculture décarbone le secteur de la construction
Le 04/02/2025 à 13:00 I
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En marge du salon Bio360 de Nantes, les 5 et 6 février prochains, nous avons rencontré Nina Bailet et Sylvie Guillo de la chambre d'agriculture qui nous présentent le projet Scale-up sur la stratégie de développement de la bioéconomie agricole piloté par les chambre d'agriculture de l'Arc Atlantique AC3A1. C'est quoi la bioéconomie et quelles sont ses applications concrètes pour les agriculteurs de nos régions de l'Ouest ?La bioéconomie, c'est toutes les activités de valorisation de la biomasse qui se substitue aux ressources fossiles qu'elle soit d'origine agricole, forestière, aquacole, et même les biodéchets. Le panel d'activité est extrêmement vaste d'une région à l'autre. Le projet Scale-up étudie cela sur 6 régions européennes, dont l'Arc Atlantique de la France qui va de la Normandie aux Pyrénées. Par exemple nos collègues andalous font du biochar et des biopolymers pour valoriser les sous produits de l'oliveraie. En Suède ils fabriquent du caoutchouc à partir d'écorce de bouleau. Et nous, on s'est porté sur les plantes à fibres pour le débouché de la construction : lin, chanvre, paille de céréales et miscanthus. En quoi consiste ce projet Scale-up ?Scale-up signifie 'passer à l'échelle supérieure'. Une des premières actions de ce projet a consisté à vérifier la disponibilité de la biomasse. Car notre préoccupation, celle des élus des Chambres d'agriculture, c'est de ne pas concurrencer l'alimentation. L'agriculture est d'abord là pour l'alimentation humaine et animale, et ensuite seulement, pour la construction voire l'énergie. Et c'est en étudiant la disponibilité de ces ressources qu'on s'est aperçu qu'il y avait dans nos régions de l'Ouest un véritable potentiel de développement, même si par exemple, la Normandie est déjà très spécialisée dans la culture du lin avec près de 75 000 ha en 2022, principalement pour l'industrie du textile. Le marché des matériaux pour la construction est encore naissant mais il se développe. Car cette industrie représente le 2e secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre derrière les transports, et elle cherche à se décarboner. De ce point de vue là, l'agriculture peut apporter de réelles solutions avec ces matériaux biosourcés, au cycle carbone beaucoup plus vertueux, et aux propriétés très intéressantes en matière d''isolation phonique et thermique. Pour développer cela, la production ne suffit pas. Il faut une véritable filière de transformation...Justement, en Pays de la Loire, la filière chanvre a été développée grâce à 2 coopératives très dynamiques : Hemp-it pour la semence dans le Maine-et-Loire et la Cavac en Vendée, qui depuis 15 ans, a investi le marché de la construction pour fabriquer du matériel d'isolation à partir de chanvre et de paille de chanvre. Une deuxième usine a d'ailleurs été inaugurée en fin d'année dernière dans le sud Vendée. Et les volumes augmentent : on arrive aujourd'hui à 3 000 ha dans la région Pays de la Loire. il y a aussi de plus en plus de collectivités qui s'intéressent à ces cultures. Par exemple, en Bretagne, on a fait une journée en partenariat avec la collectivité eau du bassin rennais qui travaille dans le cadre de son programme 'Terres de sources', avec les agriculteurs en amont sur la culture du chanvre pour protéger les zones de captage. La collectivité garantit une marge à l'agriculteur et gère la commercialisation de sa production, par exemple auprès d'opérateurs comme la Cavac. Cela garantit un vrai débouché pour le producteur, le but étant de le rassurer pour l'inciter à se lancer dans ce type de cultures. Il y a également des réflexions sur la Mayenne. Finalement, quel est le potentiel de marché pour chacune de ces cultures ?C'est précisément ce que nous avons cherché à définir dans ce projet. Et il en ressort qu'en céréales à paille, si on augmentait de 50% l'utilisation de paille pour la construction et la rénovation, cela ne représenterait que 300 ha de plus en équivalent surface sur l'Arc atlantique. Certes on part de bas, mais cela ne représente pas grand chose à cette échelle : 1% de la paille française suffirait à isoler 10% des constructions neuves. Sur le chanvre, on était déjà autour de 4 000 ha en 2022. Il faudrait arriver à 15 000 ha sur le périmètre Arc atlantique si on voulait augmenter de 50 % sur le marché de la construction2. Sur le lin, on est aujourd'hui à 1 500 ha pour la construction, principalement en Normandie, mais aussi depuis 2 ans également en Bretagne, qui était historiquement une terre de lin. Il faudrait monter à 5 000 ha. Vous voyez qu'on est sur des petites surfaces à chaque fois, et cela permet de relativiser le débat sur la concurrence avec l'alimentaire. Et outre les nouveaux débouchés que cela apporte, ces nouveaux marchés permettraient de valoriser l'image de l'agriculture, qui va participer à la décarbonation du secteur de la construction. Donc c'est très positif. Est-ce qu'on pourrait imaginer un système de crédit carbone pour les agriculteurs ?On serait plus sur le système de paiements pour services environnementaux, dans la mesure où le chanvre par exemple, est une culture bas intrants, donc intéressante pour les zones de captage notamment, mais aussi en terme de rotation, ainsi que pour les sols avec son système racinaire profond. Qu'allez-vous présenter lors de ce salon Bio360 ?Ce sera un peu la vitrine de l'accompagnement que l'on aura fait pendant la durée de Scale-up. On invite les entrepreneurs qu'on a soutenus dans le cadre du projet à venir montrer leur innovation pour essayer de trouver des partenariats ou des investisseurs. Ainsi par exemple l'entreprise ligérienne Copano sera là pour montrer ses panneaux de paille cousus. Nous travaillons par ailleurs en proximité avec la CAPEB pour sensibiliser les professionnels du secteur, artisans maçons et autres constructeurs, et essayer de lever les barrières, de les former aussi pour qu'ils aient le réflexe d'utiliser davantage demain ce type de matériaux biosourcés. propos recueillis par Arnaud Fruchet 1 AC3A regroupe les 4 Chambres régionales de l'ARC Atlantique : Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine. 2 Il y a pénurie sur la fourniture de semences de chanvre pour cette prochaine campagne : moins 60% en volume, du aux conditions climatiques de l’année passée.Ecrire un commentaire |
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