Climat - La remontée du niveau de la mer et l’agriculture

Le changement climatique, l’élévation du niveau de la mer, le recul du trait de côte sont autant de menaces qui pèsent déjà sur l’activité agricole de l’Estuaire de la Loire. Des conséquences sur le long terme encore méconnues auxquelles l’agriculture locale, notamment la gestion des prairies de marais, aura à s’adapter.

A Corsept, des surfaces de marais et du bâti sont particulièrement vulnérables aux risques de submersion marine. Une digue élevée en 1990 les protège mais elle ne sera pas éternelle en l’état, face aux phénomènes physiques naturels se manifestant de plus en plus souvent.

Une terre habitée et exploitée

Situé à l’embouchure de l’Estuaire de la Loire à Corsept, le Gaec de l’Estuaire exploite des parcelles aujourd’hui bien protégées par la digue. Pour Jean-Joseph Cercleron, un des associés, « nos bâtiments pour la production laitière sont surélevés et ne craignent pas les inondations lors des fortes marées. Par contre, nos 70 ha de prairies de marais risquent d’inonder plus régulièrement et se saliniser en cas de brèche dans la digue. Je risque de connaître la situation que j’ai connue avant sa construction où il fallait mettre les vaches à l’abri, nettoyer les parcelles et remettre en état les clôtures ». Il est probable qu’à terme, seule la pousse de printemps soit valorisée alors qu’aujourd’hui il y a un regain à l’automne.

Le projet Adapto Estuaire Corsept

Dans le cadre du projet Adapto, mené de 2017 à 2022 à Corsept et prolongé dans Adapto + jusqu’en 2029 en intégrant d’autres secteurs de l’Estuaire, le conservatoire du littoral mène des démarches visant à croiser, de manière partagée, les questions sur les futurs niveaux d’eau, les évolutions hydrauliques locales, les changements de la faune et la flore, les transformations économiques… Cette démarche a défini 3 scénarios de long terme : « subir » en laissant faire tout en maintenant toutefois la digue actuelle, « lutter » en conservant les paysages coûte que coûte, « s’adapter » en accompagnant les transformations. L’évaluation des coûts a montré que le dernier scénario était le moins onéreux. La digue s’effacerait alors peu à peu et des ouvrages permettraient de gérer les marais doux.

S’adapter en étant accompagné

Maxime Morantin, éleveur bovins viande sur la même commune se dit moins impacté puisque les marais qu’il exploite sont plus éloignés de la Loire « Dans notre commune, ce sont de bons prés de marais plutôt attractifs mais de moins en moins pâturés. Mais déjà, je vois la flore changer. Nous ne sommes qu’au début de la transformation. De nombreuses exploitations sont concernées, mais à des degrés divers. Leur pérennisation demandera un accompagnement pour leur transmission et l’évolution des systèmes d’exploitation avec un enjeu de maintien des ressources fourragères, tant en quantité qu’en qualité. Des compensations, notamment foncières, coordonnées pour ne pas fragiliser le fonctionnement agricole de tout un secteur seraient opportunes ». Un accompagnement au changement donc, qui concernerait tout un territoire et la valorisation de ses ressources.

Sylvain Lebain, responsable Territoire Pays de Retz
02 53 46 62 85