POUSSE DE L’HERBE • BULLETIN RÉGIONAL N° 3 •

Déprimage : les feux sont au vert

Avec l’arrivée du beau temps, la portance des parcelles s’est nettement améliorée. Il est donc important de faire le tour des parcelles pour savoir lesquelles seront les plus portantes afin d’entamer le déprimage.
 

Les feux sont au vert pour le déprimage

Le beau temps de la semaine dernière a permis un bon ressuyage pour un grand nombre de parcelles dans la région. Il est donc temps de faire le tour des parcelles pour commencer le déprimage.

Petit test d’estimation rapide de la portance : donner un coup de talon dans la prairie. Si le talon s’enfonce de plus de 5 cm, la portance n’est pas suffisante pour sortir les bovins.

Si la portance est bonne sur une grande partie de la parcelle (il ne faut pas attendre que le petit rond au milieu de la parcelle soit bon, sinon le déprimage n’aura jamais lieu), il ne faut pas attendre pour sortir les vaches. Même si la biomasse disponible n’est pas importante, l’apport de fourrage à l’auge permettra de couvrir les besoins. Cependant, il faudra veiller à ne pas surpâturer. Cela permettra de ne pas gaspiller l’herbe et de réaliser une période de transition suffisamment longue. Si la portance reste limite, il faudra adapter le temps de présence des animaux.

D’autre part, la mise à l’herbe permettra d’économiser l’utilisation de paille, qui est particulièrement chère et rare.

Pour certaines exploitations, les stocks de fourrage « de qualité moyenne » de l’année dernière constituent une base essentielle de l’alimentation des bovins. Il est donc préférable de diminuer la part de ce fourrage pour favoriser la mise à l’herbe et garder ces stocks pour le « au cas où » l’été serait sec. Ce fourrage peut également être mis en ration pour d’autres animaux avec des besoins moins importants.

Une fois le déprimage entamé, il faudra veiller à garder les parcelles propres pour permettre une pousse optimale par la suite. Si le déprimage n’est pas homogène avec de nombreuses touffes d’herbe il est possible soit d’y faire passer un gros lot d’animaux moins exigeant sur 3-4 jours maximum ou faucher ces refus. 

L’objectif est de terminer le déprimage vers le 5 ou 10 avril, avant la mise à l’herbe complète.

Un peu d’azote pour les prairies 

Un apport d’azote peut être effectué après le déprimage, soit par un apport d’ammonitrate, soit par un apport de lisier avec pendillard.

• Ammonitrate : On se limitera à un apport de 30 kg N/ha pour couvrir les besoins d'une tonne de matière sèche (tMS), ce qui correspond à la pousse espérée de la prairie au cours du mois à venir.

• Lisier : Un apport de lisier, dans la limite de 30 m³/ha, peut être une solution intéressante pour stimuler la pousse de l'herbe tout en permettant de vider un peu les fosses. De plus, l’épandage de lisier doit de préférence se faire avant une pluie, car cela permet de bien laver les feuilles salies par le lisier, évitant ainsi qu'elles ne se dessèchent et ne se collent aux feuilles. Cependant, après l’épandage de lisier, il est important de respecter un délai minimum de trois semaines avant de pâturer les parcelles, afin de permettre une dégradation suffisante du lisier et d'éviter tout risque de contamination pour les animaux.

Des nouvelles prairies : il est encore temps 

Certaines parcelles conduites en maïs sur maïs, en raison de l’incapacité de semer des céréales, pourraient potentiellement être remises en maïs cette année. Il est également possible de remplacer ce maïs par de la prairie, notamment du Ray-grass Hybride (RGH) ou du Ray-grass Italien (RGI). 

• Pour le Ray-grass Hybride (RGH) : Implantation d’un RGH (à raison de 15-18 kg/ha) et du trèfle violet (à raison de 8-10 kg/ha). Cela permet une implantation sur 3 ans, adaptée à une exploitation en mixte ou en fauche. Cependant, il est important de prendre des précautions si le trèfle violet devient trop abondant (supérieur à 50 %), car il peut être météorisant.

• Pour le Ray-grass Italien (RGI) : Implantation d’un RGI Alternatif (à raison de 15-20 kg/ha) et de trèfle incarnat (à raison de 10-12 kg/ha). Cette implantation est prévue pour une pérennité de 6 mois, adaptée à une exploitation en fauche.

L’implantation d’un RGI-Trèfle incarnat ou d’un RGH-Trèfle violet permettra de reconstituer des stocks de qualité au cours de la campagne, grâce à des fourrages riches en légumineuses.