Manifestation - À l’assaut du château

Vendredi dernier, les agriculteurs de Loire-Atlantique ont répondu à un appel national et local de la FNSEA et JA, face aux faibles propositions du gouvernement avant le salon de l’agriculture.

Le Château des ducs de Bretagne : son architecture, ses musées, ses douves… et ses tracteurs ! Vendredi dernier, les agriculteurs étaient une fois de plus dans la rue pour manifester leur mécontentement, à l’appel de la FNSEA 44 et JA 44. Ils sont arrivés aux portes du lieu hautement symbolique de Nantes au volant de près de 80 tracteurs. Cette action faisait suite à une série d’actions dont les mots d’ordre sont restés les mêmes. Car depuis des semaines, des années, « on marche sur la tête » ! « Depuis novembre, nous avons engagé des actions qui sont montées crescendo, a remémoré Mickaël Trichet, président de la FNSEA 44. La FNSEA a proposé 120 mesures et nous effectuons un travail en local pour remonter les problématiques sur l’eau, la préemption de terres qui ne doit avoir lieu qu’en dernier recours, le classement des zones humides… On est ici pour défendre la souveraineté alimentaire. Aujourd’hui, 30 % de l’alimentation française est importée, les normes nous rendent moins compétitifs. Et la surtransposition des règles accentue la distorsion de concurrence avec nos voisins ». 

Le revenu, la pierre angulaire

Pour dégager un revenu décent aux agriculteurs, la première mesure est tout simplement d’appliquer la loi. « Nos revenus passent notamment par la loi ÉGAlim qui n’est toujours pas appliquée. Il faut qu’elle soit mise en place à partir de nos coûts de production. Il nous faut du concret, les agriculteurs en ont marre. Il y a des avancées mais beaucoup restent à écrire pour que les agriculteurs voient la différence dans leurs exploitations. Pour l’instant, on ne voit toujours pas de retours dans les exploitations », constate Marina Perrinel, coprésidente de JA 44. 

Opération de contrôle en grandes surfaces

« Quelques noms de GMS ressortent comme les U ou Lidl qui ont le mérite de faire des propositions. Mais les grands absents sont les Leclerc. Ce sont ceux qu’on a ciblés, qu’on n’entend pas beaucoup en ce moment. On va vérifier leur discours », a annoncé Anthony Moreau, secrétaire général de la FNSEA 44. En effet, les tracteurs se sont scindés en quatre convois pour mener une opération de vérification des prix et des origines dans quatre Leclerc de la périphérie nantaise : Océane, Atlantis, Paridis et Atout sud. 

Les agriculteurs ont regardé la composition des produits et placé dans des caddies les aliments comportant des éléments d’origine étrangère. Des marques célèbres ont été particulièrement ciblées : Fleury Michon, Lactalis, Herta, Sodebo… où viandes et lait sont souvent issus d’autres pays de l’Union européenne. Des autocollants ont permis aux clients de se rendre compte du recours courant des industriels aux matières premières étrangères. Certains étaient interloqués par les marques mises à l’index. Il faut dire que les industriels respectent l’affichage des origines tout en s’évertuant à brouiller les pistes. « Le travail des agriculteurs est galvaudé, on trouve des drapeaux français sur tous les packagings », dénonce Mickaël Trichet. « Il suffit que le transporteur soit français pour trouver du bleu-blanc-rouge », complétait François Michaud. Le secrétaire général adjoint de la FNSEA 44 a sorti des rayons, avec son « équipe de contrôle », une vingtaine de caddies remplis qu’ils ont entourés de film plastique. Dessus, les clients pouvaient lire « Origine inconnue » ou sur des sticks « Viande étrangère » ou « Ce produit ne rémunère pas le producteur ». 

Delphine Cordaz

Action au Leclerc d'Atlantis