Magazine - Les muscadets, gros plants et vins de Loire sélectionnés pour le Concours général agricole

À Vertou, mercredi 5 février, la grange du château de la Frémoire voyait sa salle de dégustation bien remplie en ce premier jour de présélection des muscadets, gros plants, Fiefs vendéens et autres vins de Loire IGP.

Sonia Debuissy et Élise Galienne, conseillères à la chambre d’agriculture Pays de la Loire (à Clisson), ont accueilli mercredi 5 février 55 jurés (professionnels du vin ou non) pour une première matinée de présélection des muscadets, gros plants, Fiefs vendéens et autres vins de Loire IGP. La salle de dégustation du château de la Frémoire à Vertou était juste assez grande pour permettre de constituer seize tables ou jurys (de trois ou quatre jurés), chargés de désigner les vins qui participeront le 22 février prochain au Concours général agricole (CGA), dans le cadre du Salon international de l’agriculture de Paris.
Comme l’a d’emblée expliqué Smail Kheroufi, responsable PAC de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de Loire-Atlantique, en préambule de cette présélection, « 2024 a connu un contexte météorologique très humide qui a conduit à la reconnaissance de force majeure par l’État en Loire-Atlantique. Toutes les productions agricoles ont été touchées, y compris les producteurs viticoles. D’ailleurs, un portail « Calamités Â» va être ouvert le 17 février pour que les vignerons exploitants sans assurance puissent se déclarer en calamités naturelles. Â»
2024 reste donc une année particulière avec une récolte impactée, ce qui explique le nombre réduit d’échantillons pour les vins présélectionnés à goûter : « Seulement 260 contre près de 400 habituellement. Â» Dont 17 provenant de Vendée (blancs et rosés des Fiefs vendéens).
Tous les échantillons ont été récupérés directement chez les viticulteurs qui candidatent au CGA. « Nous venons les chercher chez les producteurs. Sur les six bouteilles prélevées, une part en analyses pour vérifier différents critères : acidité, taux de sucre, taux d’alcool… explique Sonia Debuissy. Deux bouteilles sont destinées à la présélection locale d’aujourd’hui, et deux autres partiront (ou pas, si elles ne sont pas retenues) à Paris, pour l’épreuve nationale du CGA Â». Les 108 vignerons candidats de cette année, tous volontaires, ont déboursé 140 â‚¬ par bouteille prélevée.

Des critères conformes au cahier des charges

Quant aux jurés, ils viennent de divers horizons : il y a là des vignerons bien sûr (à la retraite ou en activité) mais aussi des techniciens de vignoble ; des élèves de lycées agricoles, ceux de Briacé au Landreau (étudiants en BTSA Viticulture Å'nologie), ceux de Charles-Péguy de Gorges et ceux de Sainte-Anne de Saint-Nazaire ; des membres de clubs d’œnologie… « J’ai composé les jurys en répartissant la vingtaine d’étudiants inscrits pour cette première matinée, parmi les professionnels ou les amateurs éclairés du vin Â», explique Sonia Debuissy. Le but de ces deux matinées est clairement d’éliminer les vins à défauts et de ne retenir que les vins qui correspondent au cahier des charges, en favorisant les mieux notés.

Pour cela, les jurés vont s’appuyer sur une grille d’évaluation que leur ont remise les deux conseillères de la chambre d’agriculture, pour remplir leur fiche de notation individuelle. On commence par l’aspect visuel, premier critère retenu (de 0 à 4). Ensuite, il convient de sentir le vin et de noter ses impressions olfactives (de 0 à 6). Enfin, on goûte et on note le vin (de 0 à 10). Les jurés auront alors le devoir de compléter la case des commentaires « en termes respectueux pour les producteurs Â».
À la fin de la matinée, chaque jury aura retenu entre trois et cinq échantillons, soit environ la moitié des vins présentés. Cette présélection sera de nouveau évaluée et les échantillons pourront même prétendre décrocher les médailles enviées du CGA. Pour rappel : pour qu’un vin soit médaillé au CGA, il faut qu’il atteigne la note de 14 (médaille de bronze), de 15 à 16 (médaille d’argent) et 17 à 18 minimum (médaille d’or).

Concertation et harmonisation des notes
Comme dans tout jury, les jurés de cette dégustation ont dû échanger et se mettre d’accord pour donner des notes cohérentes aux différents échantillons de vin goûtés : parfois même, il leur faut mettre de « l’eau dans leur vin Â».
« Pour ce muscadet, j’obtiens la note de 18 : il correspond à un muscadet traditionnel, un peu perlant et typique de ce vin Â», défend ici la dégustatrice d’un des jurys. « Je l’avais noté à 14 Â», admet de son côté son premier co-juré tandis que le second dégustateur, étudiant en Å“nologie, lui avait attribué un 16. « Ce muscadet se retrouve dans le peloton de tête et partira en compétition à Paris. Â»

Dans un autre jury, c’est la typicité d’un rosé des Fiefs vendéens qui a été reconnue : sa fraîcheur, sa couleur et son acidité modérée. « Sur les sept échantillons goûtés, nous en avons retenu quatre ! Â», explique cet ancien viticulteur du vignoble nantais, qui s’est accordé avec deux étudiantes et une technicienne viticole pour choisir ces rosés vendéens.

Yvelise Richard