Météo - Quand les sols seront-ils portants dans les marais ?

La Loire-Atlantique a subi des inondations suite au passage de plusieurs tempêtes. Dans le marais de Brière, les éleveurs s’inquiètent des niveaux d’eau à la limite de la cote d’alerte.

Les pluies abondantes sur des sols déjà saturés en eau... Sans surprise, les rivières ont débordé et la Loire-Atlantique a connu des inondations. À Missillac, Fabien Legal a compté 300 mm de pluie sur trois semaines en janvier, soit l’équivalent d’un tiers d’une année normale. À Pontchâteau, le Brivet a donc débordé, des routes ont été coupées, des champs inondés. 

Dans le marais de Brière, les éleveurs n’ont pu que constater que le niveau des eaux est à la limite de la cote d’alerte, pratiquement à 2,40 m. « Depuis décembre, il y a beaucoup trop d’eau dans le marais. L’association d’éleveurs a été créée il y a un an et cela fait un an qu’on alerte sur le niveau d’eau trop haut, et rien ne bouge. Et bien voilà, le problème est arrivé ! On nous dit qu’il faut garder de l’eau en cas de sécheresse mais quand c’est humide, rien ! Cela ne va que dans un sens. Le risque d’inondation n’est pas pris en compte », se désole Fabien Legal qui exploite 710 ha dont 500 ha dans le marais. Cette situation reste d’autant plus critique que les ouvrages sont anciens et ont perdu en capacité d’évacuation de l’eau. Si on ajoute un marais mal entretenu, avec des canaux bouchés qui empêchent l’écoulement, la jussie a de beaux jours devant elle. « Comme le niveau d’eau est limite, elle va envahir des parcelles saines », anticipe l’éleveur de charolaises. 

Pas de portance avant quelques semaines

D’habitude, la mise à l’herbe se réalise autour de la mi-avril dans les zones de marais mais Fabien Legal ne se fait pas trop d’illusions : « ça risque d’être compromis surtout par le manque de portance des sols, il faudrait espérer un bon mois de février et aussi un bon mois de mars pour limiter les dégâts. On ne pourra peut-être pas exploiter le marais avant début juin et cela fait suite à une année blanche ! L’année dernière, les bêtes n’ont pas trouvé d’herbe avec assez de minéraux et de vitamines ; seulement à partir de l’été. Il faudrait une bonne saison de pâturage pour les animaux », souligne l’éleveur bio. 

Concernant les céréales, Fabien Legal a des terres qui ont permis que les eaux de pluie ne stagnent pas trop, sauf à quelques endroits des parcelles. Sur un terrain en pente, le seigle semé fin novembre, après du blé noir, a résisté. « J’avais anticipé et semé principalement dans les terrains butés. Certains étaient bien implantés donc j’ai eu peu de perte car l’eau n’a jamais recouvert les parcelles. Chez mes voisins, les stabulations n’ont pas été inondées, même dans les marais, car elles sont sur le haut des terrains. »

Restera-t-il des éleveurs dans le marais ?

« Si ça continue, les éleveurs vont s’en aller du marais, ça va être très compliqué de s’installer dans le marais. » D’ailleurs, Fabien et son épouse Sonia ont saisi une occasion de sécuriser leur exploitation en achetant un second site, à Missillac. « On était 100 % marais. Mais ça nous trottait dans la tête : soit on arrêtait, soit on délocalisait car on n’avait pas assez de terres pour nourrir les animaux correctement. Une opportunité s’est présentée à 5 km. En achetant une autre exploitation, le marais est devenu secondaire, on ira que dans les années sèches. Aujourd’hui, on ne peut plus gérer nos parcelles comme on veut, ce sont des tiers qui les gèrent et qui se moquent de l’agriculture », appuie Fabien Legal. 

Gaec de la Boulaie

• 710 ha dont 500 de marais

• 250 bêtes charolaises

• 40 ha de cultures

• En agriculture biologique

• 2 associés : Fabien et Sonia Legal

• 2 sites : Sainte-Reine-de-Bretagne et Missillac.

Delphine Cordaz